Le Devoir

Quand les pères se mettent de la partie

- MARIE RHÉAUME Directrice générale du Réseau pour un Québec Famille RAYMOND VILLENEUVE Directeur du Regroupeme­nt pour la valorisati­on de la paternité

Quel est le plus beau cadeau que la société québécoise pourrait faire aux papas en ce jour de fête des Pères? Leur offrir du répit pour qu’ils puissent s’investir à fond dans leur rôle de père auprès de leurs enfants.

À l’occasion du lancement de la 5e Semaine québécoise de la paternité, le Regroupeme­nt pour la valorisati­on de la paternité (RVP) a dévoilé un sondage qui confirme ce que nous observons depuis un moment déjà : la norme sociale concernant la paternité a changé.

Aujourd’hui, les pères veulent s’impliquer au même titre que les mères. Ce qui était une bizarrerie il y a 30 ans à peine — un père présent autant que la mère dès les premiers instants de la vie de l’enfant — est une réalité qui s’impose de plus en plus. Les pères font maintenant partie de l’équation. Et ils réclament qu’on leur donne les conditions pour jouer pleinement leur rôle.

Les résultats de ce sondage réalisé auprès de 1000 pères québécois (une rareté) sont sans équivoque. Pas moins de 96% des pères de tous âges trouvent très important de s’impliquer auprès de leurs enfants. Une proportion tout aussi impression­nante de 92% trouve très important de faire équipe avec leur conjointe et de s’occuper ensemble de toutes les responsabi­lités parentales.

Actuelleme­nt, la conciliati­on famille-travail est l’enjeu le plus important pour la grande majorité des familles. Le sondage du RVP, bien qu’il révèle certaines zones d’ombre, transmet un message positif à cet égard: la conciliati­on famille-travail est, désormais, une affaire de mères ET de pères.

La sortie récente de travailleu­rs de la constructi­on — un milieu d’hommes —, qui invoquent la conciliati­on famille-travail parmi leurs principaux motifs de grève, illustre à quel point ce mouvement est ancré dans une tendance de fond. Les employeurs sont aussi nombreux à témoigner qu’il leur est de plus en plus difficile de recruter et de conserver leurs employés, autant masculins que féminins, sans offrir des mesures avantageus­es au chapitre de la conciliati­on famille-travail.

Image traditionn­elle

Cette nouvelle réalité, le sondage du RVP la confirme amplement. La majorité des pères (54%) interrogés iraient jusqu’à changer d’emploi en échange d’une meilleure conciliati­on famille-travail, et près de quatre pères sur dix (38 %) accepterai­ent une baisse de salaire. Voilà qui rompt avec l’image traditionn­elle du père pourvoyeur dont le seul rôle consistait à rapporter de l’argent à la maison. Pour nous, c’est assurément un pas de plus vers l’égalité entre les femmes et les hommes.

Tous ces indices sont autant de signaux encouragea­nts pour les familles, qui peuvent espérer que les changement­s dans les milieux de travail s’accélérero­nt. À partir du moment où les pères se mettent aussi de la partie, qu’ils ont eux aussi, comme les mères, des demandes, c’est l’ensemble des milieux de travail qui devra évoluer, et pas seulement ceux à prédominan­ce féminine.

À condition, bien sûr, que l’on se donne le cadre social pour y arriver. Là aussi, les signaux sont encouragea­nts. Le ministre de la Famille a annoncé son intention de doter le Québec d’un plan concerté en matière de conciliati­on famille-travailétu­des. La ministre du Travail doit également proposer une révision de la Loi sur les normes du travail et le premier ministre a déjà indiqué que de nouvelles mesures favorisant la conciliati­on famille-travail pourraient y être ajoutées.

Les planètes s’alignent pour que la notion d’équilibre entre les responsabi­lités familiales et profession­nelles s’impose comme un élément fondamenta­l de notre culture du travail.

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