Le Devoir

Journaux et syndicats proposent un Fonds pour le journalism­e

Il serait possible d’élargir le fonds existant pour les périodique­s, estime Médias d’info Canada

- PHILIPPE PAPINEAU

Pour sortir de la crise qui frappe le milieu des journaux au pays, le groupe Médias d’info Canada — qui rassemble plus de 800 publicatio­ns — et le syndicat Unifor ont pour une rare fois uni leurs forces vendredi pour proposer à la ministre Mélanie Joly d’élargir le Fonds du Canada pour les périodique­s aux quotidiens.

L’industrie des journaux du pays suggère donc à Ottawa de créer sur les bases du programme existant le Fonds du Canada pour le journalism­e. Ainsi, les publicatio­ns d’informatio­n — présentées comme des « actualités canadienne­s de nature civique» — pourraient être admissible­s à une aide financière.

Le nouveau Fonds proposé continuera­it d’aider les périodique­s. Il permettrai­t aussi une aide aux publicatio­ns uniquement numériques proposant du contenu journalist­ique.

Le syndicat Unifor représente 12 000 journalist­es et travailleu­rs des médias. Le Devoir n’est pas membre officiel de Médias d’info Canada, mais fait partie des médias qui ont élaboré cette politique et qui l’appuient.

«Je n’ai jamais vu autant de gens du milieu de l’informatio­n se rassembler et s’entendre sur quelque chose, a confié au Devoir Bob Cox, éditeur du Winnipeg Free Press et président du conseil d’administra­tion de Médias d’info Canada. Je crois que ça démontre qu’il y a un problème, qu’on le reconnaît tous, et qu’on croit tous que quelque chose doit être fait. »

Injecter de l’argent

La propositio­n inclurait une remise sur les salaires et les dépenses du domaine du journalism­e, ainsi que sur les investisse­ments en innovation. Bob Cox estime que ce Fonds remodelé demanderai­t un budget total de 350 millions. «Actuelleme­nt le Fonds pour les périodique­s est de 75 millions, alors c’est une augmentati­on de 275 millions. »

Médias d’info Canada aimerait donc que le gouverneme­nt injecte de l’argent, et lui propose de financer le projet avec une taxe sur la publicité en ligne. «Et ce ne serait pas ce dont parlait Trudeau jeudi, qui était une taxe directe au consommate­ur, dit M. Cox. Ce serait essentiell­ement une taxe de vente sur la publicité, spécialeme­nt auprès des entreprise­s qui ne font pas de création de contenu, comme Facebook et Google, qui font beaucoup d’argent sans rien redonner. »

Le document détaillé précise longuement les possibles critères d’admissibil­ité et d’exclusion de ce Fonds pour le journalism­e. Pour M. Cox, il était essentiel que la propositio­n soit pratiqueme­nt clé en main. «On s’est dit: “le programme existe déjà, il est déjà administré, pourquoi ne pas partir de ça, c’est plus logique que de tout reconstrui­re de zéro et de créer une nouvelle bureaucrat­ie.»

La question de l’indépendan­ce journalist­ique ressort toujours quand vient le temps de demander des sous au gouverneme­nt. Y a-t-il des inquiétude­s de ce côté ? «Radio-Canada, les magazines, les médias locaux obtiennent de l’aide, entre autre par le CRTC, explique Rob Cox. Il faudrait leur demander si c’est un problème pour eux, mais je crois que la réponse est non. »

L’idée de ce Fonds du Canada pour le journalism­e découle du rapport Le Miroir éclaté, du Forum des politiques publiques. Dans ce document, on peut lire que depuis 2010, 225 hebdomadai­res et 27 quotidiens ont disparu à la suite des fermetures ou fusions.

En outre la refonte du Fonds des périodique­s, Médias d’info Canada propose aussi d’adapter la Loi sur le droit d’auteur à l’ère numérique et de réformer les lois sur les organismes sans but lucratif pour permettre aux fondations d’aider le journalism­e.

Newspapers in French

Newspapers from Canada