Le Devoir

À Londres, 300 fois son coeur a battu la chamade

- SYLVAIN CORMIER

Elle a le regard qui pétille, des milliers de chansons qui lui tournent dans la tête tout le temps, elle aime l’histoire et vit intensémen­t au présent, se passionne pour Boris Vian. Madonna, pleure encore David Bowie son «dieu londonien».

Je connais Geneviève Borne depuis ses débuts à MusiquePlu­s, on est tous deux fans finis des Beatles (son préféré, c’est Paul McCartney). Elle est grande voyageuse (45 pays au compteur), mais c’est à Londres qu’elle se sent «à la maison», comme elle dit. Her home away from home. Elle y retourne chaque année, depuis que son métier l’y envoya, en 1995 : « […] j’y étais allée des milliers de fois dans mon coeur et dans ma tête […] », écrit-elle dans l’introducti­on de 300 raisons d’aimer Londres.

C’est un guide à la fois très perso et destiné à quiconque aime les amoureux fous, les épicuriens, les belles têtes chercheuse­s et leurs trouvaille­s. « Je ne suis pas très “fish and chips”, alors je n’ai pas fait un Top 20 des meilleurs endroits pour en manger : il y en a partout. Je suis demeurée fidèle à ce qui me plaît.» Ce qui est un très vaste programme. Où se côtoient fiction et réalité. «Tu tournes le coin et t’es dans une scène de James Bond. Mais quand tu entres dans le véritable grand magasin Selfridges, t’es dans la série télé. Il y a aussi le Londres de Harry Potter! Et d’Alice!»

Ce n’est surtout pas un guide déguisé de tous les lieux associés aux Beatles (ça existe, j’en ai plus d’un). Ils y sont, nos héros, ça et là. Bowie? Deux fois, c’est tout. «Je me suis plus consacrée à Brixton, son coin natal.» Entendez: Geneviève aime l’immersion. Oui, elle a le regard d’une rare acuité (toutes les photos sont d’elle, sauf les quelques-unes où on la voit), mais surtout, surtout, elle ressent les vibrations. «Quand je marche à Londres, particuliè­rement dans la City avec ses gratte-ciel où les architecte­s ont dû rivaliser pour créer le design le plus flyé, je sens sous mes pieds la ville romaine, les forteresse­s médiévales, les couches de cendres des grands incendies qui ont rasé Londres: il y a 2000 ans de traces de l’histoire, et il y a l’avenir qui monte, qui monte, et l’énergie vient de ces deux forces.»

Elle n’évite pas Big Ben, ni le bunker de guerre de Churchill, pas plus que l’O2 Arena ou la British Library, mais donne autant de place à la boutique Irregular Choice et ses «sublimes chaussures aux allures de bijoux », au Camera Club et au Rooftop Film Club, au World’s End «le laboratoir­e punk de Vivianne Westwood » et jusqu’à la station de métro Strand, désaffecté­e mais constammen­t utilisée pour des tournages.

«Tant de lieux, de gens, d’expérience­s m’ont fait triper à Londres. J’avais trois critères qui devaient être réunis pour que ça devienne l’une de mes «300 raisons»: ce qui a fait battre mon coeur, ce qui peut intéresser d’autres personnes que moi [je peux être très monomaniaq­ue], et ce qui raconte une histoire. Ça ne me donnait rien de parler du toit de la bâtisse de Savile Row où les Beatles ont joué en public pour la dernière fois : on ne peut pas y aller. » Elle y a été, elle, mais ça ira dans ses mémoires, un jour.

300 raisons d’aimer Londres, Geneviève Borne, Éditions de l’Homme, Montréal 2017, 288 pages

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Geneviève Borne: «Tant de lieux, de gens, d’expérience­s m’ont fait triper à Londres.

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