Le Devoir

Les chaussures ne mentent pas

- LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY Le Devoir

C

ireur figure parmi les plus humbles métiers du monde, que l’on soit à La Paz, New York, Tokyo, Sarajevo ou Paris. Souvent méprisé, ce métier de l’ombre, exercé au ras du macadam, offre pourtant une vue perçante sur l’humanité qui s’agite en haut, perchée sur son piédestal. La Montréalai­se Stacey Tenebaum a voulu donner une voix à sept d’entre eux avec son tendre et beau Les cireurs. «Vos chaussures ne mentent pas», lance Don à un potentiel client new-yorkais à la dégaine négligée. Mieux, elles vous précèdent et annoncent vos couleurs, renchérit depuis Tokyo Yuya, qui pratique le peau à peau dans son échoppe au fil d’un ballet de velours à la précision maniaque. Dans leur sillage, Stacey Tenebaum ne perd jamais sa perspectiv­e: on est ici à hauteur d’humains. On ne s’étonne pas que son documentai­re ait été accueilli avec autant de chaleur aux Hot Docs de Toronto en mars dernier.

Car il se dégage chez ces hommes et cette femme une authentici­té pour laquelle il est difficile de ne pas craquer. De la gouaille pleine de sagesse de ce même Don, jadis comptable dans une grande banque de Wall Street, aujourd’hui cireur

«libre» sur Broadway, à l’opiniâtret­é d’une Sylvia qui trime si dur pour que ses enfants sortent de la spirale de la misère dans laquelle elle est née, à La Paz, ce portrait en sept temps déploie des trésors de finesse magnifiés par une patine digne d’eux. Les cireurs TV5, mardi, 21 h

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