Le Devoir

Québec veut moderniser le système de consigne des contenants

- ALEXANDRE SHIELDS

Le gouverneme­nt Couillard promet de moderniser le système de consigne des contenants, qui n’a pas été modifié depuis plus de 30 ans au Québec.

Cette réforme attendue d’ici quelques mois pourrait d’ailleurs toucher le milliard de bouteilles de plastique consommées chaque année dans la province, dont une bonne partie est carrément jetée à la poubelle.

Le ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel, a confirmé mardi la mise sur pied d’un « groupe de travail » qui devra étudier la délicate question de la consigne, mais aussi l’enjeu de la collecte sélective, dans le but de « présenter des solutions concrètes au gouverneme­nt dès l’automne».

Selon ce qu’a précisé son cabinet, Québec a bel et bien l’intention de parvenir à une « modernisat­ion » du système de consigne. Le comité pourra ainsi évaluer différents scénarios, dont une hausse du montant de la consigne, ou encore un élargissem­ent des types de contenants visés par la consigne. «Toutes les options sont sur la table », a indiqué le bureau du ministre Heurtel.

Pour le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), Karel Ménard, «il faut un meilleur système de recyclage des bouteilles de plastique. Actuelleme­nt, le taux de recyclage est très faible, parce que ces bouteilles ne sont pas consommées à la maison et qu’elles finissent très souvent à la poubelle».

M. Ménard estime toutefois que toutes les bouteilles de plastique doivent aussi impérative­ment être consignées. Il rappelle que les Québécois consomment de plus en plus de ces bouteilles, soit environ un milliard de bouteilles chaque année. Cela signifie que l’industrie de l’eau embouteill­ée consomme annuelleme­nt plus de 225 000 barils de pétrole, et ce, uniquement pour satisfaire les besoins du marché québécois.

Bouteilles de vin

L’imposition d’une consigne sur les bouteilles de verre, dont les bouteilles de vin vendues à la Société des alcools du Québec (SAQ), serait également nécessaire, selon le directeur général du FCQGED. Pour le moment, la majorité du verre se retrouve dans des sites d’enfouissem­ent, où il peut être utilisé comme matériau de recouvreme­nt. Avec la consigne, il serait toutefois possible de recycler une très grande part de ces bouteilles, comme cela se fait déjà pour la bière.

Des villes comme Montréal plaident d’ailleurs pour l’imposition d’une consigne sur les bouteilles de vin de la SAQ, en faisant notamment valoir que le Québec est la seule province, avec le Manitoba, où les bouteilles ne sont pas consignées.

Un porteparol­e de la SAQ, Renaud Dugas, a rappelé mardi que la Société d’État finance déjà la collecte sélective, une option qui lui coûterait environ 15 millions chaque année.

La SAQ refuse de dire si elle serait favorable à une consigne. « C’est au gouverneme­nt de prendre une décision. Nous allons nous ajuster.»

Nouveaux équipement­s

Des villes comme Montréal plaident pour l’imposition d’une consigne sur les bouteilles de vin en faisant valoir que le Québec est la seule province, avec le Manitoba, où ces bouteilles ne sont pas consignées

Pour tenter d’améliorer le recyclage du verre au Québec, le gouverneme­nt Couillard a par ailleurs annoncé mardi que «de nouveaux équipement­s novateurs» de traitement seront mis en service dans cinq centres de tri de la province. Il s’agit d’un projet qui vise à évaluer la possibilit­é de recycler cette matière, mais aussi les débouchés pour ces produits issus de la collecte sélective.

«Dans ce dossier, le statu quo n’est pas une option, et nous devons avancer tous ensemble, a fait valoir mardi le ministre Heurtel, au moment d’inaugurer de tels équipement­s à Joliette. La mobilisati­on à laquelle nous assistons aujourd’hui est historique, et nous souhaitons qu’elle puisse porter ses fruits, afin de permettre à nos enfants de vivre dans un Québec plus vert et prospère.»

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