Le Devoir

Le Canada signe une convention ; la FTQ applaudit

- LIA LÉVESQUE

Le Canada vient finalement de ratifier la Convention internatio­nale sur le droit d’organisati­on et de négociatio­n collective — un autre geste posé par le gouverneme­nt Trudeau que le gouverneme­nt Harper, et d’autres avant lui, avait refusé de poser.

Le Canada devient ainsi le 165e pays à ratifier la «Convention 98» de l’Organisati­on internatio­nale du travail. Les syndicats du Canada tentaient de convaincre les gouverneme­nts de signer cette convention depuis 1949, a souligné le Congrès du travail du Canada.

En ratifiant cette convention, le Canada s’engage formelleme­nt à promouvoir le droit à la libre négociatio­n et à protéger les travailleu­rs contre la discrimina­tion syndicale.

La ratificati­on de cette convention par la ministre fédérale de l’Emploi, du Développem­ent de la main-d’oeuvre et du Travail, Patricia Hajdu, est pratiqueme­nt passée inaperçue. Pourtant, cette ratificati­on par le gouverneme­nt Trudeau est un geste important, a souligné au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne le président de la FTQ, Daniel Boyer.

«C’était comme impensable que le Canada

«C’était comme impensable que le Canada n’avait pas encore signé cette convention-là » Daniel Boyer, président de la FTQ

n’avait pas encore signé cette convention-là. C’était comme si on était un pays de seconde zone, où il y a une dictature, ou un pays du tiersmonde. Il y a 164 pays qui avaient déjà signé cette convention», a commenté le président de la plus grande centrale syndicale du Québec, qui compte plus de 600 000 membres. «Ça pourrait avoir des effets sur la facilité d’accès à la syndicalis­ation. Et je vous dirais que ça vient encore concrétise­r davantage le droit à la négociatio­n et le droit d’exercer un rapport de force adéquat pour mener à bien ces négociatio­ns-là, ce qui va jusqu’à exercer le droit de grève», a expliqué M. Boyer.

Il rappelle que l’arrêt Saskatchew­an de la Cour suprême, en 2015, a pratiqueme­nt accordé une protection constituti­onnelle au droit de grève, sans compter les chartes des droits, qui reconnaiss­ent le droit d’associatio­n. La Convention 98 ajoute donc un poids moral de plus à ces protection­s des droits des travailleu­rs.

M. Boyer admet cependant que cela peut paraître paradoxal, alors qu’au Québec, le gouverneme­nt Couillard vient justement d’adopter deux lois spéciales pour forcer le retour au travail de grévistes, d’abord celui des juristes de l’État, ensuite celui des ouvriers de la constructi­on. Et, dans le cas des ouvriers de la constructi­on, le gouverneme­nt avait évoqué l’adoption d’une loi spéciale avant même que la grève débute. « Bien sûr, oui, c’est le contraire [de ce que dit cette convention internatio­nale]. On comprend mal pourquoi un gouverneme­nt bafoue les droits fondamenta­ux des travailleu­rs et des travailleu­ses — et là, c’est le gouverneme­nt du Parti libéral du Québec. On ne comprend pas pourquoi le gouverneme­nt va dans ce sens-là. Ça n’a aucun sens », a déploré M. Boyer.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Le Canada s’engage à promouvoir le droit à la libre négociatio­n et à protéger les travailleu­rs contre la discrimina­tion syndicale.

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