La communauté musulmane est sous le choc
La police continuait mardi à déterminer les motivations de l’auteur de l’attentat qui a visé des musulmans à proximité d’une mosquée de Londres, sans calmer l’anxiété de la communauté musulmane.
« Il y a eu hélas des attentats récents commis au nom de l’islam, au nom de Dieu, et il était possible que quelqu’un y réponde ainsi», confie à l’AFP Rawad-ud-din Arif Khan, imam de la mosquée Baitul Ahad, dans un quartier voisin de la banlieue nord de Londres, en référence aux trois attentats djihadistes perpétrés en trois mois au Royaume-Uni.
«La peur se répand parmi notre communauté. Ces gens veulent nous diviser, il faut veiller à ne pas tomber dans leur piège», a-t-il fait valoir.
Le suspect, âgé de 47 ans, a été identifié par les médias britanniques comme étant Darren Osborne, père de quatre enfants. Il est « détenu pour terrorisme », selon Scotland Yard. Il «n’était pas connu» des services de sécurité, a indiqué le secrétaire d’État à la sécurité, Ben Wallace.
Dans la nuit de dimanche à lundi, au volant d’une camionnette blanche, il a foncé sur les piétons qui sortaient pour la plupart d’un service religieux à la mosquée de Finsbury Park après l’iftar, la rupture du jeûne du mois de ramadan.
«Nous sommes de tout coeur avec les personnes qui ont été blessées », a déclaré à l’agence Press Association au nom de sa famille Ellis Osborne, 26 ans, neveu de Darren Osborne.
Solidarité
Mardi, une veillée contre l’islamophobie a rassemblé en fin d’après-midi près de 300 personnes devant la mosquée de Finsbury Park, après un premier hommage lundi soir qui a rassemblé une centaine d’habitants.
«Si cette mosquée est attaquée, si une synagogue est attaquée, si quiconque est agressé, nous sommes tous attaqués à cause de ça», a déclaré sur place le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, député de la circonscription d’Islington-Nord, où se trouve Finsbury Park.
Des témoins ont maîtrisé l’assaillant et l’imam de la mosquée s’est interposé quand il a été brutalisé par la foule.
Onze personnes, toutes issues de la communauté musulmane, ont été blessées.
La ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, a rappelé dans le Guardian que «des chiffres crédibles suggèrent que plus de la moitié de ceux qui subissent de la haine à cause de leur religion sont musulmans».
La mosquée de Finsbury Park était connue au début des années 2000 comme un haut lieu des islamistes londoniens, qui y écoutaient les prêches enflammés d’Abou Hamza. Ce dernier a été condamné à la perpétuité en 2015 aux États-Unis, notamment pour terrorisme.