Ottawa crée un nouveau comité pour choisir le c.a. de Radio-Canada
La ministre Joly prolonge le mandat des administrateurs pour éviter la paralysie
Alors que la fin du mandat de deux membres du conseil d’administration de Radio-Canada/CBC aurait laissé l’instance dans une situation précaire, le gouvernement Trudeau a finalement prolongé le mandat des administrateurs tout en annonçant le nouveau processus de nomination promis de longue date.
La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a donc précisé mardi aprèsmidi que c’est un comité consultatif indépendant composé de neuf membres qui allait lui soumettre le nom de candidats qui pourront regarnir le conseil d’administration du diffuseur public.
«Le nouveau processus fera en sorte que les nominations seront indépendantes et basées sur le mérite», a déclaré la ministre Joly en point de presse, en accord avec la lettre de mandat que lui avait donnée le premier ministre Justin Trudeau en novembre 2015.
L’entité se veut non partisane afin de répondre aux nombreuses critiques qui ont par le passé dénoncé la saveur très conservatrice de l’actuel conseil d’administration, dont plusieurs membres ont été nommés sous Stephen Harper.
Le comité sera présidé par le vétéran journaliste ontarien Tom Clark et comptera les Québécois Monique Savoie de la Société des arts technologiques, Marc Beaudet de l’entreprise de plateformes numériques Turbulent et la cinéaste abénaquise Alanis Obomsawin. On y retrouvera aussi la Britanno-Colombienne Prem Gill, l’Albertaine Carolyn Warren, la réalisatrice métisse franco-manitobaine Janelle Wookey, l’acteur ontarien Colm Feore et le Néo-Brunswickois Éric Larocque, impliqué auprès de la jeunesse acadienne.
« On voulait avoir des gens de partout au pays, francophones, anglophones, autochtones, qui ont des expériences pertinentes dans la radiodiffusion, dans le domaine des médias numériques, a expliqué au Devoir Mélanie Joly. Ça fait trop longtemps qu’au sein de la gouvernance de Radio-Canada on n’a pas accès à des gens qui travaillent dans le domaine. »
Le comité soumettra trois choix pour chaque poste à pourvoir, soit ceux de six administrateurs, du président du conseil et du président-directeur général de la société d’État. Au bout du compte, c’est la ministre Joly qui prendra les décisions, parce qu’elle a « une responsabilité devant le Parlement concernant ce processus».
Mme Joly aura pour finir une banque de 24 candidats, qui pourront servir dans le futur quand de nouveaux postes seront à pourvoir.
Selon Ian Morrison de l’organisation à but non lucratif Les amis de la radiodiffusion canadienne, la démarche de Mélanie Joly est «presque parfaite», mais il se demande «pourquoi il a fallu 20 mois juste pour annoncer un nouveau processus». Le député néodémocrate Pierre Nantel s’est quant à lui dit déçu, affirmant que son parti « espérait tellement plus qu’un show de boucane».
Six mois
À partir d’aujourd’hui, les neuf membres du comité de nomination auront six mois pour scruter les candidatures potentielles, avec une possibilité de déborder si nécessaire.
«Ceci dit, le conseil d’administration continue à tenir séance et les membres qui y sont y resteront jusqu’à ce qu’il y ait de nouveaux membres qui soient nommés», a statué la ministre Joly.
Avant l’annonce d’Ottawa, le mandat de Rémi Racine et de Marni Larkin devait se terminer lors de la réunion du conseil prévue ce mercredi 21 juin, ce qui aurait laissé l’instance avec seulement six membres actifs sur douze, soit tout juste le quorum.
«L’atteinte du quorum n’est pas un enjeu», a pour sa part répété au Devoir Douglas Chow, premier chef, relations publiques à Radio-Canada/CBC, précisant que Rémi Racine et Marni Larkin s’étaient déclarés disposés à continuer d’assumer leurs fonctions jusqu’à la nomination de leur remplaçant.