Le Devoir

Un surplus budgétaire de 2,5 milliards.

Des revenus plus élevés permettent au ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, de dégager un surplus dix fois plus important que prévu initialeme­nt.

- JULIEN ARSENAULT

Ce n’est pas un surplus de 250 millions, mais d’environ 2,5 milliards — 10 fois plus élevé que prévu dans le plus récent budget — que le gouverneme­nt Couillard a dégagé au cours de l’année financière qui s’est terminée à la fin mars.

Mais bien qu’il y ait 2,25 milliards de plus que prévu — après le versement de 2 milliards au Fonds des génération­s — dans les coffres de l’État, les contribuab­les ne doivent pas pour autant se mettre à rêver à des baisses d’impôt à court terme.

L’argent sera plutôt dirigé vers la réserve de stabilisat­ion pour les imprévus, où il y a déjà 2,4 milliards, affirme le ministre des Finances, Carlos Leitão.

«Nous aurons 4,7 milliards dans cette réserve, a-t-il expliqué au cours d’une conférence téléphoniq­ue. S’il y a des accidents, nous n’aurons pas besoin de modifier notre cadre financier. »

Le grand argentier de la province a donné l’exemple des inondation­s qui ont récemment

ravagé plusieurs régions du Québec ainsi que du conflit canado-américain sur le bois d’oeuvre, qui a forcé Québec à allonger jusqu’à 300 millions pour épauler l’industrie forestière.

À moins d’un an et demi du scrutin d’octobre 2018, M. Leitão, qui a déjà été nommé deuxième meilleur prévisionn­iste au monde par l’agence Bloomberg en 2008, s’est défendu d’avoir été trop prudent dans ses estimation­s budgétaire­s.

Ces données préliminai­res figurant dans le rapport mensuel des opérations financière­s gouverneme­ntales, qui sera publié jeudi, seront confirmées à l’automne une fois qu’elles seront passées sous la loupe de la vérificatr­ice générale.

M. Leitão a écarté la possibilit­é d’utiliser l’excédent supplément­aire pour annoncer des baisses d’impôt dans sa prochaine mise à jour économique.

«Il y aura des mesures additionne­lles dans cette mise à jour, mais elles se feront à l’intérieur du cadre financier du budget [déposé le 28 mars dernier] », a-t-il expliqué.

Écart de données

L’écart entre les données budgétaire­s de mars et celles dévoilées jeudi s’explique notamment par une hausse de l’impôt versé par les entreprise­s, des recettes plus élevées tirées des sociétés d’État et par la croissance des revenus autonomes.

Les entreprise­s ont versé 5,3 milliards en impôts au cours de l’année financière terminée le 31 mars, soit 292 millions de plus que les 4,59 milliards prévus dans le budget.

«C’est volatil et c’est souvent à la fin de l’année fiscale […] et après avoir effectué tous les ajustement­s qu’on se rend compte qu’il y a des montants additionne­ls importants», a analysé M. Leitão.

Québec a également récolté 229 millions supplément­aires par l’entremise de ses sociétés d’État comme Loto-Québec et la Société des alcools du Québec.

En ce qui a trait aux dépenses de programmes, le gouverneme­nt Couillard dit avoir injecté ce qui avait été prévu, mais il n’a pas touché au fonds de suppléance, ce qui permet notamment de dégager 633 millions.

Les données font également état d’un écart favorable de 879 millions au chapitre des fonds spéciaux — comme le Fonds vert — et d’organismes

non budgétaire­s. Dans certains cas, cela s’explique par des dépenses qui n’ont pas été effectuées au cours de l’année financière, alors que dans d’autres, les revenus ont dépassé les attentes. « [Ces] dépenses seront effectuées», a assuré M. Leitão.

De leur côté, les dépenses de programmes ont été de 67,6 milliards, en progressio­n de 3%. Le budget faisait état de dépenses de programmes de 68,2 milliards, en hausse de 3,8 %.

Par ailleurs, bien que le Québec réalisera des économies en frais d’intérêts étant donné que l’agence de notation Standard & Poor’s vient d’augmenter sa cote de crédit à AA-, le ministre des Finances a dit qu’il n’était pas encore en mesure de chiffrer ce montant.

M. Leitão a estimé qu’il devrait y avoir un «certain impact » positif sur le service de la dette au cours de l’exercice en cours.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les contribuab­les ne doivent pas pour autant se mettre à rêver à des baisses d’impôt à court terme, prévient Carlos Leitão.
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