Villes inclusives : le maire de Chicago mise tout sur l’éducation
Les études collégiales gratuites pour les élèves ayant B de moyenne, l’obligation de 40 heures de bénévolat dans la communauté, des bibliothèques publiques dans les écoles… Le maire de la ville de Chicago, Rahm Emanuel, est sans équivoque: le succès d’une ville inclusive passe par l’éducation.
«C’est à mes yeux la chose la plus importante de la liste», a-t-il déclaré mercredi dans le cadre de Metropolis, un congrès qui réunit à Montréal cette semaine près de 140 maires et 1000 délégués de villes du monde entier. «C’est le numéro 1, numéro 2, numéro 3, numéro 4, numéro 5… »
Aux côtés du maire Denis Coderre de même que ceux de Tel-Aviv, Berlin, Madrid et Libreville, invités à parler du thème des villes inclusives, cet ex-chef de cabinet de Barack Obama n’a cessé de marteler ce message et de vanter les initiatives de sa métropole pour encourager la diversité et intégrer les immigrants. Installées dans les écoles, des bibliothèques publiques permettent la rencontre de gens de tous âges et de tous horizons. «C’est complètement intergénérationnel», s’est-il félicité.
Il a également insisté sur son programme de «bourse étoile» («STAR scholarship»), qui permet aux élèves, peu importe la légalité de leur statut migratoire, d’étudier gratuitement dans les établissements collégiaux désignés de Chicago.
«Pour s’assurer que tout le monde a un succès économique, ça prend de l’éducation. Je crois que nous vivons dans une époque où tu gagnes un salaire en fonction de tes connaissances [you earn what you learn] », a-t-il réitéré en entrevue au Devoir. «Je sais qu’il y a des jeunes au collège qui n’y seraient jamais allés sans cette bourse. »
Rahm Emanuel reconnaît que le statut de la ville de Chicago donne les pleins pouvoirs au maire sur le système d’éducation. Se gardant de donner des conseils au maire de Montréal, il admet qu’avoir le contrôle sur les écoles de son territoire, de la maternelle jusqu’aux écoles techniques (« technical schools»), fait en grande partie le succès d’une ville inclusive.
Contrôler l’éducation
Denis Coderre a bien accueilli les «excellentes idées» proposées par les divers maires présents — dont deux mairesses —, tout en rappelant la «réalité juridictionnelle» de Chicago, mais aussi de Berlin, qui est une «ville-État».
«Certaines villes ont des pouvoirs que d’autres n’ont pas, notamment l’éducation », a-t-il déclaré au terme de la conférence.
Envie-t-il Chicago là-dessus? « Ce n’est pas une question d’avoir plus de pouvoir, mais [plutôt une] de réorganisation. Je ne veux pas me mêler du curriculum [scolaire] »,a insisté M. Coderre.
Il compte sur le groupe de travail qui se penchera pendant les deux prochaines années sur des façons de mieux gérer et partager les infrastructures et équipements scolaires et municipaux. «Est-ce qu’il y a des choses sur le plan logistique qu’on peut faire autrement? […] Dans le parascolaire, la ville pourrait avoir un rôle plus grand à jouer.»
Par ailleurs, les autres maires ont vanté leurs initiatives toute plus «inclusives» les unes que les autres, allant de l’installation du drapeau arc-en-ciel des LGBT sur l’hôtel de ville à Madrid jusqu’à l’envoi d’une lettre de bienvenue à chacun des nouveaux arrivants.
Le Centre de prévention de la radicalisation de Montréal et les efforts du maire, anciennement ministre libéral de l’Immigration, en matière d’inclusion ont également été salués.
Tout est à ce point parfait? «Il n’y a pas énormément de problèmes [d’intégration des immigrants]. Le gazon est toujours plus vert chez le voisin», a soutenu le maire. Mais il reste encore des choses à changer. À commencer par la reconnaissance des diplômes pour permettre aux travailleurs étrangers d’oeuvrer dans leur domaine.
« Il y a une responsabilité au niveau des associations professionnelles, c’est important de le mentionner, mais on a quand même cet ADN du vivre-ensemble, déjà. »
Installées dans les écoles, des bibliothèques publiques permettent la rencontre de gens de tous âges et de tous horizons