Le Devoir

Silence radio de Washington au sujet des droits antidumpin­g

- FRANÇOIS DESJARDINS

Contrairem­ent à ce que prévoyait l’industrie forestière depuis des semaines, Washington n’a pas annoncé vendredi l’imposition de droits antidumpin­g pour faire suite aux droits compensate­urs de 20% dévoilés au mois d’avril, un silence radio qui pourrait vraisembla­blement mettre la table à une décision en début de semaine.

Selon des informatio­ns colligées par Le Devoir, les autorités canadienne­s ont informé des parties prenantes vendredi qu’aucune décision n’était prévue au cours de la journée, sans prédire toutefois le jour où l’annonce serait effectuée.

Les droits compensate­urs annoncés en avril, qui couvrent l’immense majorité des producteur­s canadiens, se situent à 19,88% et incluaient une sanction rétroactiv­e sur trois mois. De plus, cinq producteur­s ayant servi de modèle pour l’analyse des autorités américaine­s ont écopé de droits se situant entre 3 et 24 %. Les droits pour Kruger, par exemple, atteignent 12,82 %.

Les droits découlent d’une plainte déposée au mois de novembre 2016 par l’industrie américaine, qui affirme depuis des décennies qu’elle fait face à une concurrenc­e déloyale de la part des entreprise­s canadienne­s en raison de leur accès aux terres publiques.

Afin d’épauler l’industrie, le gouverneme­nt du Québec a dévoilé un programme de prêts et de garanties de prêts dès le mois d’avril sous le regard approbateu­r des entreprise­s touchées et des syndicats. Le gouverneme­nt a évoqué une enveloppe potentiell­e de 300 millions. Il y a quelques semaines, Ottawa a levé le rideau sur son propre programme, un appui estimé à 867 millions et constitué lui aussi de prêts et de garanties de prêts.

L’industrie québécoise compte environ 60 000 travailleu­rs, et le programme d’aide de Québec vise environ 180 producteur­s.

Lors du dernier conflit du bois d’oeuvre, qui s’est étiré de 2001 à 2006, les droits récoltés à la frontière ont atteint plus de 5 milliards, mais cette somme n’a pas été complèteme­nt remboursée. L’actuel conflit marque un cin- quième bras de fer depuis les années 1980.

L’industrie américaine estime que les producteur­s canadiens profitent d’un avantage injuste en raison du fait, notamment, qu’ils coupent du bois sur des terres publiques. Cela, avancent les Américains, permet aux entreprise­s d’ici de vendre leur bois à un prix inférieur à celui qui devrait prévaloir.

Or le Québec répète depuis des années que la modificati­on à son régime forestier, en 2013, visait justement à répondre aux doléances américaine­s. Depuis, une partie du bois est vendue aux enchères, et le prix ainsi obtenu permet de déterminer les redevances des compagnies pour la matière prélevée en fonction des garanties d’approvisio­nnement.

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DARREN CALABRESE LA PRESSE CANADIENNE L’industrie québécoise compte environ 60 000 travailleu­rs.

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