Le Devoir

La mort de six baleines est « très préoccupan­te »

Ce phénomène survenu dans le golfe du Saint-Laurent est sans précédent, selon Pêches et Océans Canada

- ALEXANDRE SHIELDS

Une opération de recherche et d’enquête scientifiq­ue de grande ampleur est en cours dans le golfe du Saint-Laurent, afin de découvrir ce qui a provoqué la mort d’au moins six baleines noires, une situation sans précédent pour cette espèce en voie de disparitio­n.

Dans le cadre d’une séance d’informatio­n organisée lundi, Pêches et Océans Canada a souligné que ces mortalités recensées en l’espace de quelques jours sont « très préoccupan­tes » et constituen­t un phénomène « sans précédent ».

Il faut dire qu’on recense habituelle­ment moins de trois carcasses chaque année pour l’ensemble de la population. Ces six baleines mortes représente­nt donc déjà plus du double de la moyenne annuelle, alors que la saison estivale débute à peine.

Qui plus est, le ministère a prévenu que le nombre de baleines retrouvées mortes au cours des derniers jours pourrait augmenter. Il est en effet très difficile de comptabili­ser précisémen­t le nombre d’animaux, en raison de l’étendue d’eau à surveiller pour les retrouver.

Des avions de la garde côtière ont d’ailleurs été mobilisés pour réaliser un inventaire précis, dans un secteur du golfe compris essentiell­ement entre le Nouveau-Brunswick et les îles de la Madeleine. Toutes les carcasses de baleines noires ont été aperçues dans cette zone.

C’est donc dans cette région que Pêches et Océans a dépêché des navires, dans le but d’échantillo­nner les cétacés. Des émetteurs ont aussi été fixés sur trois baleines, afin de pouvoir les retrouver plus facilement. Les scientifiq­ues espèrent en effet remorquer au moins un animal jusqu’à la terre ferme, dans le but de réaliser une nécropsie.

Morts inexpliqué­es

Ces efforts sont nécessaire­s, a expliqué le gouverneme­nt fédéral, afin d’obtenir les informatio­ns qui pourraient permettre de déterminer les causes de ces décès. Certains ont évoqué lundi la possibilit­é que des biotoxines produites par des algues puissent avoir provoqué la mort des baleines.

En 2008, une infestatio­n particuliè­rement importante d’algues très toxiques dans le Saint-Laurent avait provoqué la mort de plusieurs animaux, dont des mammifères marins. Pêches et Océans a toutefois souligné lundi qu’il est «trop tôt» pour préciser les raisons des mortalités des baleines noires.

Chose certaine, ces décès constituen­t une très mauvaise nouvelle pour l’espèce. La baleine noire de l’Atlantique nord est en effet classée « en voie de disparitio­n » par le gouverneme­nt canadien. Il reste à peine 500 de ces baleines, qui vivent essentiell­ement le long de la côte est américaine, mais qui sont aussi aperçues dans le golfe du Saint-Laurent. Les mortalités des derniers jours représente­nt donc plus de 1% d’une population très menacée.

La baleine noire, qui semble être de plus en plus présente dans le Saint-Laurent, est en outre particuliè­rement vulnérable aux empêtremen­ts, mais aussi aux collisions avec les navires, puisqu’elle nage lentement et demeure longtemps en surface.

Ces décès constituen­t une très mauvaise nouvelle pour l’espèce

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PÊCHES ET OCÉANS CANADA Certaines des baleines ont été échantillo­nnées, dans le but de déterminer les causes des décès.

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