Une (autre) tempête dans un verre d’eau
Le plus étrange dans cette controverse de char allégorique au défilé de la Saint-Jean, c’est qu’aucun des participants noirs ne semble s’être vexé parce que les « pousseurs » étaient de couleur noire. L’entraîneur-chef de l’équipe de football (un Noir) le dit lui-même, c’est un hasard et il n’y a pas de quoi s’indigner: «Quand les jeunes poussent, je ne vois pas la couleur. Ce sont les participants. Ça a adonné que mes jeunes poussaient et que sur le char, il y avait des personnes de couleur blanche. Si ça avait été l’inverse, est-ce qu’on aurait eu la même discussion? Je ne suis pas sûr», at-il commenté en entrevue téléphonique. C’est l’internaute qui a publié la vidéo qui a mis le feu aux poudres. Ce sont les abonnés des réseaux sociaux qui se sont scandalisés, qui ont focalisé sur la couleur de peau et qui ont fait le lien avec la traite des Noirs. Pourquoi victimiser des gens qui ne se sentent même pas victimes eux-mêmes? Si la scène était si scandaleuse, les principaux concernés (les joueurs de football) auraient été les premiers à la dénoncer, non? Ou bien peut-être ne sont-ils pas assez intelligents pour découvrir eux-mêmes le « scandale » qui les concerne ? Je ne vois dans cette histoire de char allégorique rien d’autre qu’un hasard, au pire, une maladresse. Mais les Québécois excellent dans l’art de se sentir coupable et de créer des tempêtes dans un verre d’eau. Je pense que plusieurs de nos com- patriotes noirs en ont assez de se faire victimiser à tort et à travers. Au lieu de déformer la réalité et de créer des faux scandales symboliques, il faudrait peutêtre se concentrer sur les vrais problèmes, comme la discrimination raciale réelle, l’exploitation des travailleurs et l’esclavage moderne (les ateliers de la sueur par exemple). Yann Leduc Le 25 juin 2017