Le Devoir

Trump et Modi affichent leur complicité à Washington

Le premier ministre indien et le président américain ont eu un premier tête-à-tête

- JEROME CARTILLIER à Washington

Au terme de leur première rencontre à Washington, le président américain, Donald Trump, et le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, ont échangé une accolade qui en dit long sur leur désir de resserrer les liens entre leurs deux pays.

Donald Trump et Narendra Modi ont affiché lundi leur proximité à l’issue de leur premier tête-à-tête, louant la solidité des liens entre les États-Unis et l’Inde et mettant de côté leurs divergence­s, de l’immigratio­n au climat.

Les deux hommes, qui ont échangé une longue accolade avant de rejoindre leurs pupitres pour de brèves déclaratio­ns depuis les jardins de la Maison-Blanche, ont insisté sur leur volonté de renforcer leur coopératio­n dans la lutte contre le terrorisme.

«C’est un honneur d’accueillir le dirigeant de la plus grande démocratie du monde», a lancé M. Trump à l’attention de son hôte, en quête de repères et d’assurances tant la politique étrangère du nouveau président républicai­n, en particulie­r vis-à-vis de l’Asie, reste entourée d’un immense flou.

Si la visite n’a donné lieu à aucune annonce de taille, M. Trump a jugé que la relation entre l’Inde et les ÉtatsUnis n’avait jamais été «aussi forte», assurant le premier ministre Modi, qui entretenai­t des relations étroites avec Barack Obama, qu’il avait « un véritable ami» à Washington.

Le magnat de l’immobilier de New York et le nationalis­te hindou sont arrivés au pouvoir sur des promesses à certains égards similaires, se présentant comme des outsiders soucieux de redonner de la grandeur à leur pays.

Ils partagent aussi une forme de méfiance vis-à-vis des médias et ont largement recours aux réseaux sociaux pour s’adresser directemen­t à leur base: M. Trump compte plus de 32 millions d’abonnés sur Twitter, M. Modi est juste derrière avec près de 31 millions.

«Le premier ministre Modi et moi-même sommes les leaders mondiaux des réseaux sociaux », a lancé, amusé, Donald Trump. «Nous croyons à l’idée de donner aux gens l’occasion d’entendre directemen­t la voix de ceux qu’ils ont élus […] Je crois que cela a plutôt bien marché dans les deux cas…»

Appelant à une relation commercial­e «équilibrée», le président américain a insisté sur la «levée des barrières à l’exportatio­n de produits américains» et à la réduction du déficit commercial entre les deux pays.

Dans le secteur de la défense, le groupe General Atomics a annoncé avoir reçu l’autorisati­on de vente de drones militaires MQ-9B Guardian, version de surveillan­ce maritime du Reaper, le drone vedette de l’armée américaine qui équipe notamment l’US Air Force pour des missions de sur veillance et d’attaque.

L’administra­tion américaine a par ailleurs autorisé la vente d’un avion de transport militaire C-17 à l’Inde pour un prix estimé à 366,2 millions, a annoncé lundi le Pentagone. L’Inde dispose déjà d’une flotte de dix de ces quadriréac­teurs.

Les questions de sécurité régionale ont figuré en bonne place dans les entretiens, alors que Washington envisage de déployer entre 3000 et 5000 soldats supplément­aires en Afghanista­n.

De son côté, M. Modi, qui a invité le président américain en Inde, a insisté sur le fait que les ÉtatsUnis étaient «le premier partenaire» de l’Inde dans sa transforma­tion socio-économique en cours. L’objectif central de M. Modi est simple: « S’assurer que les États-Unis soient attentifs à l’Inde et que le nouveau gouverneme­nt s’inscrive dans la continuité du précédent», résumait Shailesh Kumar, du centre Eurasia Group.

Preuve de cette volonté de tisser des liens avec le président républicai­n, M. Modi n’a pas évoqué publiqueme­nt leurs points de désaccord.

L’épineux dossier des visas H-1B, que Donald Trump entend réformer, a suscité des tensions entre Washington et Delhi. Ils constituen­t de précieux sésames pour des milliers d’Indiens hautement qualifiés attirés par la Silicon Valley.

L’accord de Paris sur le climat, que le président américain vient de quitter avec fracas, est aussi un point de contentieu­x. D’autant que les critiques de M. Trump ne sont pas passées inaperçues à Delhi.

Si la visite n’a donné lieu à aucune annonce de taille, M. Trump a jugé que la relation entre l’Inde et les États-Unis n’avait jamais été « aussi for te »

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SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE

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