Le président du Brésil formellement accusé
Brasilia — Le procureur général du Brésil a présenté lundi soir une demande de mise en accusation formelle contre le président, Michel Temer, pour corruption passive, une procédure inédite qui pourrait sonner le glas d’un mandat secoué par les affaires.
Quelques heures avant de devenir le premier président du Brésil à faire l’objet d’une telle demande, M. Temer s’était pourtant dit indestructible. « Rien ne nous détruira, ni moi, ni mes ministres », a-t-il affirmé lors d’un discours au palais de Planalto.
Pour que le président soit inculpé et traduit devant la Cour suprême, la demande du procureur général, Rodrigo Janot, doit être acceptée par les deux tiers des députés. Dans ce cas, M. Temer serait écarté du pouvoir pour une durée pouvant s’étendre à 180 jours.
Le procureur général accuse notamment M. Temer de s’être « prévalu de sa condition de chef d’État » pour recevoir 500 000 réais (environ 150 000dollars) de pot-de-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil, selon l’acte d’accusation rendu public par la Cour suprême (STF).
La crise politique a atteint son paroxysme à la mi-mai, avec la révélation d’un enregistrement sonore compromettant dans lequel le chef de l’État semble donner son accord à un des propriétaires de JBS pour acheter le silence d’un ex-député aujourd’hui en prison.
Il y a deux semaines, il a échappé de justesse à la justice électorale, bénéficiant d’un nonlieu dans une affaire de financement illégal de campagne qui aurait pu lui coûter son mandat.
«Il n’y a pas de plan B, il faut continuer à aller de l’avant », a insisté M. Temer, en référence aux mesures d’austérité que son gouvernement tente de mettre en place pour sortir le pays d’une récession historique.
Au plus bas
Même si le Brésil donne de timides signes de reprise, la cote de popularité de M. Temer est au plus bas, avec un taux d’approbation de 7%, le pire pour un président brésilien depuis près de 30 ans, selon un sondage publié samedi par Datafolha.
Plus grave encore, 65 % des personnes interrogées souhaitent qu’il quitte le pouvoir avant le terme de son mandat, fin 2018.
Il s’agirait du deuxième changement brutal à la tête de l’État en un an, après la destitution controversée de Dilma Rousseff (gauche), dont M. Temer était le vice-président avant qu’elle ne soit écartée du pouvoir pour maquillage des comptes publics.