Québec présente les grands axes de sa prochaine Politique culturelle
Le ministre Luc Fortin présente les grands axes de la prochaine Politique culturelle
«Notre grand objectif? On souhaite que la culture québécoise rayonne davantage: sur le Web, au Canada, dans le monde, et partout au Québec — je dis bien “partout”.» C’est ainsi que le ministre de la Culture, Luc Fortin, a présenté mardi matin Partout, la culture, son projet pour consultation des grands axes de la prochaine Politique québécoise culturelle. Le document vise à réaffirmer la langue française et la culture comme socles identitaires. On y retrouve des engagements particuliers envers les autochtones, mais aussi en développement sur le territoire, en préservation et exploitation du patrimoine, en soutien à la création, en maillage entre éducation et culture.
Le projet met à jour la politique culturelle de 1992. «Nous n’allons pas jeter le bébé avec l’eau du bain, précisait le ministre en conférence de presse. Nous allons garder de grands fondements de la politique culturelle [de 1992]. Mais on devait l’adapter à la réalité du Québec aujourd’hui, et aux enjeux auxquels nous faisons face en 2017. C’est un projet qui souligne la part identitaire et sociale de la culture; un projet de développement et de cohésion sociale important pour le Québec, mais aussi un outil de développement économique — ça, on n’en parle pas assez, et on va en parler plus.»
Le document débute sur des « engagements particuliers à l’égard des autochtones», afin, par exemple, de favoriser leurs pratiques artistiques et leur diffusion ou d’adopter une déclaration nationale sur les langues autochtones. La diversité est mise en avant, et une attention particulière est portée à la reconnaissance de l’apport des artistes anglophones. Les liens essentiels, à réitérer, entre éducation et culture sont aussi des objectifs, et peut-être parmi les plus importants.
«L’alliance entre la culture et l’éducation est mise en évidence parce que ça dominait les consultations l’an dernier, a détaillé le ministre Fortin en entrevue téléphonique au Devoir. Dans toutes les régions, on m’a parlé de l’importance de mettre les enfants et les jeunes en contact avec la culture, pour en faire des citoyens plus critiques, plus informés, plus engagés socialement. Il y a un gain collectif à faire là; et pour le milieu culturel, un gain en renouvellement de public, car on sait que les habitudes en matière de consommation culturelle se prennent entre 4 et 11 ans. » Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur est un maillon essentiel de plusieurs engagements du nouveau projet culturel qui entend faire davantage d’ententes transversales, également avec d’autres ministères. Une idée réaliste ? «Il y a vraiment une volonté de briser les silos qui parfois marquent l’action gouvernementale, et de travailler en communication, répond M. Fortin. Il y a de moins en moins de réticences des autres ministères à travailler avec le ministère de la Culture.»
Le texte prône une augmentation de l’appui «à l’excellence, à l’innovation et au renouvellement de la création et de la production culturelles sur l’ensemble du territoire», et cherche aussi à encourager le mécénat, la philanthropie, le bénévolat en arts, ainsi que la création de ponts vers des activités sociales, communautaires et de loisirs.
En région
Le déploiement de la culture sur toute la grandeur de la province est une des grandes préoccupations. «On a un retard là, et c’est assez inégal d’un endroit à l’autre, admet Luc Fortin. Je suis très sensible à cette dimension. C’est une question de qualité de vie pour les citoyens, et il faut permettre à nos artistes de pouvoir demeurer en région, de créer en région. Ça ne va pas se faire du jour au lendemain, ce rattrapage, et on ne va pas dépouiller les pôles culturels que sont Montréal et Québec pour habiller nos régions. » Les régions, lors des consultations, ont demandé à la fois davantage de flexibilité et de prévisibilité. «Elles nous ont demandé de ne pas faire dans le “mur à mur”, parce que chaque région a ses caractéristiques, ses enjeux et sa couleur. On revient déjà, depuis avril, à des ententes de développement culturel triennales plutôt qu’annuelles. Il y avait une demande également pour une espèce de guichet unique, qui donnerait la possibilité d’avoir une vision à 360 degrés à propos du développement culturel en région. On va travailler une direction régionale avec les sociétés d’État.»
Y a-t-il lieu d’envisager la création d’une nouvelle structure, comme la SODEC et le Conseil des arts et des lettres du Québec, qui ont eux été créés lors de la dernière politique culturelle ? «On ne va pas créer de nouvelles structures », tranche le ministre.
Des consultations se tiendront les 5 et 6 septembre prochains sur ce projet. Leurs conclusions pourraient-elles transformer le texte? «C’est une vraie consultation, rétorque M. Fortin. Je vais faire preuve de la même ouverture que l’année dernière.»
La majorité des porte-parole des partis politiques et des organisations artistiques contactés par Le Devoir a préféré attendre une journée avant de commenter le projet de politique québécoise de la culture.