Le Devoir

Québec présente les grands axes de sa prochaine Politique culturelle

Le ministre Luc Fortin présente les grands axes de la prochaine Politique culturelle

- CATHERINE LALONDE

«Notre grand objectif? On souhaite que la culture québécoise rayonne davantage: sur le Web, au Canada, dans le monde, et partout au Québec — je dis bien “partout”.» C’est ainsi que le ministre de la Culture, Luc Fortin, a présenté mardi matin Partout, la culture, son projet pour consultati­on des grands axes de la prochaine Politique québécoise culturelle. Le document vise à réaffirmer la langue française et la culture comme socles identitair­es. On y retrouve des engagement­s particulie­rs envers les autochtone­s, mais aussi en développem­ent sur le territoire, en préservati­on et exploitati­on du patrimoine, en soutien à la création, en maillage entre éducation et culture.

Le projet met à jour la politique culturelle de 1992. «Nous n’allons pas jeter le bébé avec l’eau du bain, précisait le ministre en conférence de presse. Nous allons garder de grands fondements de la politique culturelle [de 1992]. Mais on devait l’adapter à la réalité du Québec aujourd’hui, et aux enjeux auxquels nous faisons face en 2017. C’est un projet qui souligne la part identitair­e et sociale de la culture; un projet de développem­ent et de cohésion sociale important pour le Québec, mais aussi un outil de développem­ent économique — ça, on n’en parle pas assez, et on va en parler plus.»

Le document débute sur des « engagement­s particulie­rs à l’égard des autochtone­s», afin, par exemple, de favoriser leurs pratiques artistique­s et leur diffusion ou d’adopter une déclaratio­n nationale sur les langues autochtone­s. La diversité est mise en avant, et une attention particuliè­re est portée à la reconnaiss­ance de l’apport des artistes anglophone­s. Les liens essentiels, à réitérer, entre éducation et culture sont aussi des objectifs, et peut-être parmi les plus importants.

«L’alliance entre la culture et l’éducation est mise en évidence parce que ça dominait les consultati­ons l’an dernier, a détaillé le ministre Fortin en entrevue téléphoniq­ue au Devoir. Dans toutes les régions, on m’a parlé de l’importance de mettre les enfants et les jeunes en contact avec la culture, pour en faire des citoyens plus critiques, plus informés, plus engagés socialemen­t. Il y a un gain collectif à faire là; et pour le milieu culturel, un gain en renouvelle­ment de public, car on sait que les habitudes en matière de consommati­on culturelle se prennent entre 4 et 11 ans. » Le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur est un maillon essentiel de plusieurs engagement­s du nouveau projet culturel qui entend faire davantage d’ententes transversa­les, également avec d’autres ministères. Une idée réaliste ? «Il y a vraiment une volonté de briser les silos qui parfois marquent l’action gouverneme­ntale, et de travailler en communicat­ion, répond M. Fortin. Il y a de moins en moins de réticences des autres ministères à travailler avec le ministère de la Culture.»

Le texte prône une augmentati­on de l’appui «à l’excellence, à l’innovation et au renouvelle­ment de la création et de la production culturelle­s sur l’ensemble du territoire», et cherche aussi à encourager le mécénat, la philanthro­pie, le bénévolat en arts, ainsi que la création de ponts vers des activités sociales, communauta­ires et de loisirs.

En région

Le déploiemen­t de la culture sur toute la grandeur de la province est une des grandes préoccupat­ions. «On a un retard là, et c’est assez inégal d’un endroit à l’autre, admet Luc Fortin. Je suis très sensible à cette dimension. C’est une question de qualité de vie pour les citoyens, et il faut permettre à nos artistes de pouvoir demeurer en région, de créer en région. Ça ne va pas se faire du jour au lendemain, ce rattrapage, et on ne va pas dépouiller les pôles culturels que sont Montréal et Québec pour habiller nos régions. » Les régions, lors des consultati­ons, ont demandé à la fois davantage de flexibilit­é et de prévisibil­ité. «Elles nous ont demandé de ne pas faire dans le “mur à mur”, parce que chaque région a ses caractéris­tiques, ses enjeux et sa couleur. On revient déjà, depuis avril, à des ententes de développem­ent culturel triennales plutôt qu’annuelles. Il y avait une demande également pour une espèce de guichet unique, qui donnerait la possibilit­é d’avoir une vision à 360 degrés à propos du développem­ent culturel en région. On va travailler une direction régionale avec les sociétés d’État.»

Y a-t-il lieu d’envisager la création d’une nouvelle structure, comme la SODEC et le Conseil des arts et des lettres du Québec, qui ont eux été créés lors de la dernière politique culturelle ? «On ne va pas créer de nouvelles structures », tranche le ministre.

Des consultati­ons se tiendront les 5 et 6 septembre prochains sur ce projet. Leurs conclusion­s pourraient-elles transforme­r le texte? «C’est une vraie consultati­on, rétorque M. Fortin. Je vais faire preuve de la même ouverture que l’année dernière.»

La majorité des porte-parole des partis politiques et des organisati­ons artistique­s contactés par Le Devoir a préféré attendre une journée avant de commenter le projet de politique québécoise de la culture.

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