Un protocole pour éviter la suppléance excessive
« Un bon point de départ », se réjouit la mère d’un écolier affecté par une telle situation
La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a résolu d’adopter un protocole pour éviter les « remplacements à répétition» dans certaines classes. Cet engagement survient quelques semaines après que des parents ont réclamé de l’aide au conseil des commissaires, impuissants devant le « tourbillon infernal » des suppléants dans la classe de leurs enfants de 1re année.
Le 26 avril dernier, des parents, très émotifs, ont plaidé devant le conseil des commissaires pour dénoncer une situation intenable. Depuis le mois de décembre, le groupe 14 de l’école Saint-Jean-de-Brébeuf n’avait plus de titulaire et plus d’une dizaine de suppléants se succédaient depuis, mettant en péril non seulement les apprentissages pour ces enfants de 6 ans, mais également leur cheminement affectif et scolaire.
Le protocole, dont l’adoption a été votée mardi soir, vise à informer rapidement les parents d’élèves qui ont des enseignants suppléants à répétition. Le conseil des commissaires recevra aussi un rapport du nombre de cas qui surviennent chaque année.
La CSDM compte aussi engager des négociations avec l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal pour pourvoir des postes de remplaçant de façon urgente, sans nécessairement passer par l’affichage, lorsque des classes subissent des changements de professeur à répétition.
Un point de départ
«C’est un très bon point de départ. On se donne un outil pour être en marche dès l’automne 2017 pour le bien des enfants », a réagi Pascale Corriveau, mère d’un enfant du groupe 14, en entrevue au Devoir. «La résolution dit que ce n’est pas acceptable [les suppléants à répétition]. Ça veut dire qu’on ne va pas laisser traîner des situations comme celle qu’on a vécue.»
La présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, a souligné qu’il s’agissait d’un cas isolé et que des mesures ont été prises sur-le-champ pour permettre une certaine stabilité dans cette classe d’ici la fin de l’année scolaire, qui vient tout juste de prendre fin.
La semaine dernière, des parents sont revenus à la charge devant le conseil des commissaires. «Cette situation n’est pas un cas isolé, elle se produit trop
souvent, a plaidé Pascale Grignon, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique. En quelques jours à peine, nous avons répertorié une quarantaine de signalements au sujet de plus de 25 cas différents dans une vingtaine d’établissements scolaires au Québec — principalement au primaire —, dont au moins 14 de la Commission scolaire de Montréal.» «L’histoire se répète, ajoute
Mme Grignon. Le ou la titulaire de la classe part en arrêt de travail pour une période prolongée ou indéterminée. C’est alors que démarre la ronde des suppléants, quand il y en a qui sont disponibles. Sinon, ce sont des membres de l’équipe-école qui doivent assumer une présence en classe en remplacement d’urgence, ce qui arrive de plus en plus fréquemment. »
Le commissaire indépendant Jean-François Gosselin, dont la résolution a été adoptée avec des amendements, s’est montré satisfait. Il tenait à ce que le protocole puisse entrer en vigueur dès l’automne, et que le conseil des commissaires soit tenu informé de l’ampleur du phénomène des suppléances à répétition.