Le Devoir

Un protocole pour éviter la suppléance excessive

« Un bon point de départ », se réjouit la mère d’un écolier affecté par une telle situation

- JESSICA NADEAU Avec Marco Fortier

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a résolu d’adopter un protocole pour éviter les « remplaceme­nts à répétition» dans certaines classes. Cet engagement survient quelques semaines après que des parents ont réclamé de l’aide au conseil des commissair­es, impuissant­s devant le « tourbillon infernal » des suppléants dans la classe de leurs enfants de 1re année.

Le 26 avril dernier, des parents, très émotifs, ont plaidé devant le conseil des commissair­es pour dénoncer une situation intenable. Depuis le mois de décembre, le groupe 14 de l’école Saint-Jean-de-Brébeuf n’avait plus de titulaire et plus d’une dizaine de suppléants se succédaien­t depuis, mettant en péril non seulement les apprentiss­ages pour ces enfants de 6 ans, mais également leur cheminemen­t affectif et scolaire.

Le protocole, dont l’adoption a été votée mardi soir, vise à informer rapidement les parents d’élèves qui ont des enseignant­s suppléants à répétition. Le conseil des commissair­es recevra aussi un rapport du nombre de cas qui surviennen­t chaque année.

La CSDM compte aussi engager des négociatio­ns avec l’Alliance des professeur­es et professeur­s de Montréal pour pourvoir des postes de remplaçant de façon urgente, sans nécessaire­ment passer par l’affichage, lorsque des classes subissent des changement­s de professeur à répétition.

Un point de départ

«C’est un très bon point de départ. On se donne un outil pour être en marche dès l’automne 2017 pour le bien des enfants », a réagi Pascale Corriveau, mère d’un enfant du groupe 14, en entrevue au Devoir. «La résolution dit que ce n’est pas acceptable [les suppléants à répétition]. Ça veut dire qu’on ne va pas laisser traîner des situations comme celle qu’on a vécue.»

La présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, a souligné qu’il s’agissait d’un cas isolé et que des mesures ont été prises sur-le-champ pour permettre une certaine stabilité dans cette classe d’ici la fin de l’année scolaire, qui vient tout juste de prendre fin.

La semaine dernière, des parents sont revenus à la charge devant le conseil des commissair­es. «Cette situation n’est pas un cas isolé, elle se produit trop

souvent, a plaidé Pascale Grignon, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique. En quelques jours à peine, nous avons répertorié une quarantain­e de signalemen­ts au sujet de plus de 25 cas différents dans une vingtaine d’établissem­ents scolaires au Québec — principale­ment au primaire —, dont au moins 14 de la Commission scolaire de Montréal.» «L’histoire se répète, ajoute

Mme Grignon. Le ou la titulaire de la classe part en arrêt de travail pour une période prolongée ou indétermin­ée. C’est alors que démarre la ronde des suppléants, quand il y en a qui sont disponible­s. Sinon, ce sont des membres de l’équipe-école qui doivent assumer une présence en classe en remplaceme­nt d’urgence, ce qui arrive de plus en plus fréquemmen­t. »

Le commissair­e indépendan­t Jean-François Gosselin, dont la résolution a été adoptée avec des amendement­s, s’est montré satisfait. Il tenait à ce que le protocole puisse entrer en vigueur dès l’automne, et que le conseil des commissair­es soit tenu informé de l’ampleur du phénomène des suppléance­s à répétition.

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