Ottawa ouvre une future zone de protection marine aux pétrolières
Malgré le fait qu’une étude scientifique fédérale a démontré que l’exploration pétrolière et gazière est incompatible avec la mise en place de la zone de protection marine du chenal Laurentien, le gouvernement Trudeau a confirmé mardi que ce futur territoire protégé sera accessible à l’industrie.
Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, a annoncé mardi la publication du règlement qui précise les activités qui seront permises dans cette zone de protection marine (ZPM), en vue de la période de «consultations» des 30 prochains jours.
Celle-ci sera située à l’entrée du golfe du Saint-Laurent, au sud de l’île de Terre-Neuve, au coeur d’une vallée sous-marine reconnue par le gouvernement comme«une zone d’importance écologique et biologique».Une fois officiellement établie, la ZPM du chenal Laurentien sera la plus importante de l’est du Canada, avec un total de 11 619 km2.
Activités pétrolières
Selon les données présentées par le gouvernement Trudeau, 82 % de cette zone de protection sera toutefois ouverte aux projets d’exploration et d’exploitation de pétrole et de gaz. Concrètement, 9510km2 seront accessibles aux entreprises du secteur. Qui plus est, toute la ZPM pourra faire l’objet de relevés sismiques, et ce, huit mois par année.
La construction de pipelines sous-marins et d’infrastructures d’exploitation sera également permise «tant qu’elles ne risquent pas de détruire l’habitat marin dans la ZPM proposée».
Le règlement publié dans la Gazette du Canada indique pourtant qu’«une évaluation scientifique des risques menée en 2012» a déterminé que certaines activités, dont l’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière, sont «incompatibles, à des degrés différents, avec les objectifs de conservation de cette zone».
Le document souligne notamment que cette zone est une «voie de migration» pour des espèces de poissons et de mammifères marins «vulnérables», ce qui «nécessite la protection de leur habitat, en raison des caractéristiques écologiques et géographiques particulières de la zone ».
Le fédéral juge toutefois que «l’effet de l’exploration et de la production de pétrole sur les poissons, les mammifères marins et les tortues de mer est considéré comme étant réversible en raison du comportement de ces espèces. Contrairement aux coraux, ces espèces se déplacent et peuvent s’éloigner des bruits et des autres perturbations».