Le Devoir

Ottawa ouvre une future zone de protection marine aux pétrolière­s

- ALEXANDRE SHIELDS

Malgré le fait qu’une étude scientifiq­ue fédérale a démontré que l’exploratio­n pétrolière et gazière est incompatib­le avec la mise en place de la zone de protection marine du chenal Laurentien, le gouverneme­nt Trudeau a confirmé mardi que ce futur territoire protégé sera accessible à l’industrie.

Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, a annoncé mardi la publicatio­n du règlement qui précise les activités qui seront permises dans cette zone de protection marine (ZPM), en vue de la période de «consultati­ons» des 30 prochains jours.

Celle-ci sera située à l’entrée du golfe du Saint-Laurent, au sud de l’île de Terre-Neuve, au coeur d’une vallée sous-marine reconnue par le gouverneme­nt comme«une zone d’importance écologique et biologique».Une fois officielle­ment établie, la ZPM du chenal Laurentien sera la plus importante de l’est du Canada, avec un total de 11 619 km2.

Activités pétrolière­s

Selon les données présentées par le gouverneme­nt Trudeau, 82 % de cette zone de protection sera toutefois ouverte aux projets d’exploratio­n et d’exploitati­on de pétrole et de gaz. Concrèteme­nt, 9510km2 seront accessible­s aux entreprise­s du secteur. Qui plus est, toute la ZPM pourra faire l’objet de relevés sismiques, et ce, huit mois par année.

La constructi­on de pipelines sous-marins et d’infrastruc­tures d’exploitati­on sera également permise «tant qu’elles ne risquent pas de détruire l’habitat marin dans la ZPM proposée».

Le règlement publié dans la Gazette du Canada indique pourtant qu’«une évaluation scientifiq­ue des risques menée en 2012» a déterminé que certaines activités, dont l’exploratio­n et l’exploitati­on pétrolière et gazière, sont «incompatib­les, à des degrés différents, avec les objectifs de conservati­on de cette zone».

Le document souligne notamment que cette zone est une «voie de migration» pour des espèces de poissons et de mammifères marins «vulnérable­s», ce qui «nécessite la protection de leur habitat, en raison des caractéris­tiques écologique­s et géographiq­ues particuliè­res de la zone ».

Le fédéral juge toutefois que «l’effet de l’exploratio­n et de la production de pétrole sur les poissons, les mammifères marins et les tortues de mer est considéré comme étant réversible en raison du comporteme­nt de ces espèces. Contrairem­ent aux coraux, ces espèces se déplacent et peuvent s’éloigner des bruits et des autres perturbati­ons».

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