Le Devoir

Bois d’oeuvre : démonstrat­ion de force à Québec

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

Démonstrat­ion de force à Québec, où une vingtaine d’acteurs des milieux économique, syndical et patronal — entre autres — se sont réunis mardi pour discuter de la taxation «déraisonna­ble, injustifia­ble et questionna­ble » de l’industrie canadienne du bois d’oeuvre par le gouverneme­nt américain.

«Si j’avais déjà un souhait à exprimer, c’est que notre caractéris­tique bien québécoise, de savoir se concerter et de se serrer les coudes lorsque les moments sont difficiles, soit évidente dans les semaines, les mois qui viennent», a déclaré, en ouverture de la table ronde, le premier ministre Philippe Couillard.

Devant lui, des représenta­nts, qui étaient aussi issus des milieux culturel, agricole ou forestier, attendaien­t leur tour de parole pour discuter des droits antidumpin­g préliminai­res de 6,87% imposés lundi par le départemen­t américain du Commerce. Ces mesures s’ajoutent à la surtaxe de 12,82% déjà imposée à Produits forestiers Résolu et à la surtaxe de 19,88% que payent depuis avril les autres entreprise­s québécoise­s.

«C’est vraiment une mesure protection­niste», a dénoncé le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette. « Elle est déraisonna­ble, injustifia­ble, questionna­ble. On est tous unis et on veut vraiment que le conflit se règle. »

La rencontre de deux heures, qui ne portait pourtant pas sur des « contenus fins », comme l’a résumé la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot, a néanmoins été «bonne». « On a senti une volonté que les acteurs du milieu se réunissent», s’est félicitée la leader syndicale. «On sent qu’on est impliqués dans le dossier, on sent qu’on peut faire une différence», s’est aussi réjoui le secrétaire général de la Fédération des travailleu­rs du Québec, Serge Cadieux.

Union sacrée

Aux personnes de tous les horizons réunies à Québec, le premier ministre a parlé de « l’union sacrée », dans une référence au rapprochem­ent politique opéré par la France au déclenchem­ent de la Première Guerre mondiale.

Au-delà des manifestat­ions d’unité, cependant, peu de détails ont filtré au sujet de la rencontre, tenue à huis clos. Le négociateu­r du Québec dans le dossier du bois d’oeuvre, Raymond Chrétien, a refusé de s’adresser aux médias. Au début du mois, il prédisait un accord rapide sur le bois d’oeuvre, évoquant une «ouverture» pour la négociatio­n.

Le conseiller spécial du gouverneme­nt dans la négociatio­n de l’ALENA, Raymond Bachand, a quant à lui insisté sur l’image que le Québec

doit projeter face aux ÉtatsUnis, où il envoie 70% de ses exportatio­ns. «C’est important pour le Québec que les Américains sentent qu’il y a une concertati­on, une consultati­on et un bon consensus au Québec », a-t-il fait valoir. «On ne nous aura pas à l’usure. Nous serons là à long terme, notre démarche s’inscrit dans le long terme », a aussi déclaré la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.

Comme Ottawa l’avait fait plus tôt, l’élue n’a pas écarté la possibilit­é de s’en remettre — encore une fois — aux tribunaux si le conflit se retrouve dans une impasse. «On préfère de loin qu’il y ait une entente qui soit négociée avec le gouverneme­nt américain sur le bois d’oeuvre, a quand même averti Dominique Anglade. Mais s’il faut aller vers des recours judiciaire­s, absolument, parce qu’encore une fois, on sait que le régime forestier québécois tient la route.»

La dernière dispute commercial­e sur le bois d’oeuvre entre les États-Unis et le Canada s’est terminée devant les tribunaux. En 2006, au terme de cinq années de représenta­tions en justice, le Canada a eu gain de cause contre les États-Unis.

Dans l’espoir de réduire les impacts du conflit, qui touche 60 000 travailleu­rs, le gouverneme­nt a mis sur pied un programme d’aide de 300 millions. Jusqu’ici, aucune aide financière n’a été accordée. Une seule demande a été menée à terme et déposée chez Investisse­ment Québec, tandis que 18 dossiers sont à l’étude.

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PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE Une vingtaine d’acteurs ont discuté des droits antidumpin­g préliminai­res de 6,87% imposés lundi par le départemen­t américain du Commerce.

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