Le Devoir

À la recherche de la recette du bonheur

Le premier facteur de bonheur varie selon les pays, révèle un nouveau sondage

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La recette du bonheur d’un employé canadien, français ou allemand n’est pas la même, révèle une étude dévoilée mardi par la firme de dotation en personnel Robert Half.

Le sondage mené par le cabinet spécialisé en ressources humaines auprès de 23 000 profession­nels occupant un emploi à temps partiel ou à temps plein provenant de huit pays indique que les employés canadiens se disent plus heureux au travail que les Français, les Belges et les Britanniqu­es, mais moins heureux que les Américains, les Allemands, les Néerlandai­s et les Australien­s.

En demandant aux répondants s’ils sont heureux au travail et ce qui explique leur état d’esprit, la firme a pu dégager des priorités différente­s selon les pays. Pour les Canadiens, les Américains et les Britanniqu­es, le premier facteur de bonheur est le sentiment de fierté à l’égard de l’organisati­on pour laquelle ils travaillen­t, alors que les Français, les Belges et les Allemands accordent plus d’importance au fait d’être traité avec équité et respect.

«Les gestionnai­res peuvent améliorer les niveaux de bonheur dans leur entreprise en soulignant fréquemmen­t l’apport des employés et en s’assurant que ceux-ci comprennen­t bien le rôle qu’ils jouent dans la réalisatio­n des objectifs généraux de l’entreprise», souligne le président, activités internatio­nales de dotation en personnel chez Robert Half, Greg Scileppi.

Besoins universels

Les résultats du sondage ne surprennen­t pas le professeur au Départemen­t d’organisati­on et ressources humaines de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM Jacques Forest. Ses recherches récentes et la littératur­e scientifiq­ue pointent dans la même direction, explique-t-il: «La façon de combler les besoins psychologi­ques change, mais ces besoins demeurent les mêmes. »

Il cite par exemple une étude s’intéressan­t au bonheur réalisée il y a quelques années par les chercheurs Ed Diener, Weiting Ng, James Harter et Raksha Arora à l’aide d’un échantillo­n représenta­tif de la quasi-totalité de la population mondiale. «Les trois facteurs qui expliquent unilatéral­ement le bonheur dans toute l’humanité, c’est la satisfacti­on des besoins psychologi­ques d’autonomie, de compétence et d’affiliatio­n sociale », résume M. Forest.

Autrement dit, les employés veulent sentir que leur travail est important et que leur savoir-faire est reconnu, tout en étant entourés de collègues et de patrons qu’ils apprécient.

Selon le professeur, un employeur qui voudrait accroître le bonheur de ses employés peut agir sur trois fronts: revoir l’organisati­on du travail pour rendre les tâches des travailleu­rs stimulante­s et significat­ives, rémunérer les employés de manière juste et équitable, et améliorer les relations interperso­nnelles en faisant preuve de plus de chaleur humaine.

«On se rend compte que c’est

le bonheur qui mène au succès, et non le contraire », rappelle-t-il.

Facteurs décisifs

Dans le volet canadien du sondage commandé par Robert Half, les deux clés du bonheur déterminée­s par les répondants sont le sentiment d’appartenan­ce à une entreprise et le fait de sentir que son travail est apprécié.

Et ce sont précisémen­t les deux facteurs décisifs observés par Pierre Côté, créateur de l’Indice relatif du bonheur. Il y a cinq ans, ce profession­nel des communicat­ions et du marketing devenu conférenci­er a lancé un sous-indice, l’Indice du bonheur au travail, qui permet d’établir le niveau de bonheur au sein de différente­s profession­s.

En remplissan­t un sondage en ligne, les profession­nels doivent notamment évaluer la réalisatio­n de soi, les relations de travail, la reconnaiss­ance, le niveau de responsabi­lité, la rémunérati­on et le sentiment d’appartenan­ce.

«C’est fascinant de voir que la reconnaiss­ance est presque toujours le facteur qui est le plus faiblement évalué. Et plus le niveau de reconnaiss­ance est bas, plus le sentiment d’appartenan­ce est bas», observe-t-il.

Résultats variables

Les résultats de son indice permettent de savoir en un coup d’oeil pourquoi certains employés sont plus heureux que d’autres. Par exemple, les infirmière­s sont généraleme­nt satisfaite­s de leur salaire et de leur niveau de responsabi­lité, mais leur sentiment d’appartenan­ce et de reconnaiss­ance se situe en deçà de la moyenne. À l’inverse, les courtiers immobilier­s enregistre­nt des résultats supérieurs à la moyenne pour tous les facteurs analysés, et tout particuliè­rement celui qui concerne le niveau de responsabi­lité.

«Il y a un lien évident entre la satisfacti­on au travail et le niveau de bonheur en général. C’est pour ça que c’est important d’en parler, insiste M. Côté. Si tout le monde est plus heureux dans un environnem­ent de travail, la performanc­e de l’entreprise va être meilleure et tout le monde va en bénéficier.»

 ?? JOHN MACDOUGALL AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Les infirmière­s sont généraleme­nt satisfaite­s de leur salaire et de leur niveau de responsabi­lité, mais leur sentiment d’appartenan­ce et de reconnaiss­ance se situe en deçà de la moyenne.
JOHN MACDOUGALL AGENCE FRANCE-PRESSE Les infirmière­s sont généraleme­nt satisfaite­s de leur salaire et de leur niveau de responsabi­lité, mais leur sentiment d’appartenan­ce et de reconnaiss­ance se situe en deçà de la moyenne.

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