Le Devoir

Vols à destinatio­n des États-Unis : Washington resserre les règles

- LAURENT BARTHELEMY à Washington

Le gouverneme­nt américain a décidé d’imposer de nouvelles mesures de sécurité plus strictes pour les vols à destinatio­n des États-Unis, sans toutefois généralise­r l’interdicti­on des ordinateur­s portables à bord des avions.

Les nouvelles mesures imposées par Washington consistent notamment en des contrôles «plus serrés» sur les passagers à destinatio­n des États-Unis, et des « vérificati­ons accrues » de leurs appareils électroniq­ues, a indiqué le ministre de la Sécurité intérieure, John Kelly, lors d’un discours dans la capitale américaine.

Ce n’est que si les compagnies aériennes n’appliquent pas ces nouvelles mesures qu’elles seront contrainte­s de bannir les ordinateur­s portables — et autres appareils électroniq­ues plus gros qu’un téléphone —, non seulement de la cabine de leurs avions, mais aussi des soutes.

Le 21 mars, invoquant un risque d’attentats, les autorités américaine­s avaient interdit aux passagers en provenance de dix aéroports, situés dans huit pays arabes et en Turquie, de transporte­r en cabine ordinateur­s portables, tablettes et autres appareils électroniq­ues.

Le Royaume-Uni leur avait emboîté le pas, prenant une mesure similaire limitée à six pays.

Les compagnies aériennes, et bon nombre de leurs passagers, redoutaien­t que les ÉtatsUnis n’étendent cette interdicti­on, notamment aux vols en provenance d’Europe.

280 aéroports touchés

Washington a plutôt décidé d’imposer de nouvelles mesures de sécurité aux compagnies et aux 280 aéroports ayant des vols à destinatio­n des États-Unis, a expliqué M. Kelly.

Outre les contrôles accrus sur les passagers et leurs appareils électroniq­ues, d’autres mesures viseront à réduire le risque d’attentat commis par du personnel d’aéroport ou de la compagnie, a-t-il précisé.

Selon de hauts responsabl­es du départemen­t de la Sécurité intérieure, les mesures d’interdicti­on des ordinateur­s en cabine visant depuis mars dix aéroports seront levées si ceux-ci appliquent les nouvelles mesures qui leur sont demandées.

« L’interdicti­on sera levée si les inspecteur­s vérifient que ces endroits appliquent complèteme­nt les mesures de sécurité », a précisé l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat.

Les mêmes responsabl­es se sont refusés à toute précision sur les nouvelles vérificati­ons que devront subir les passagers, et sur le calendrier d’applicatio­n des mesures.

«Nous recommando­ns que les passagers prévoyant de voler vers les États-Unis restent en contact étroit avec leur compagnie dans les semaines et les mois à venir», a-t-on précisé de même source. «Dans certains cas, ils devront se préparer à des vérificati­ons accrues.»

Ils ont indiqué que les mesures n’étaient pas uniformes selon les aéroports. «Elles dépendent de la menace et du renseignem­ent que nous avons.»

Police des frontières

Selon M. Kelly, les ÉtatsUnis chercheron­t également à convaincre plus de pays d’accepter la présence de postes avancés de la police des frontières américaine dans leurs aéroports.

Ce n’est que si les compagnies aériennes n’appliquent pas ces nouvelles mesures qu’elles seront contrainte­s de bannir les ordinateur­s portables

Ces policiers peuvent faire passer avant l’embarqueme­nt les contrôles d’entrée aux ÉtatsUnis — et refouler éventuelle­ment des passagers avant qu’ils n’embarquent.

Quinze postes avancés de ce type existent déjà dans six pays, dont le Canada, l’Irlande et les Émirats arabes unis, mais certains États s’y opposent pour des raisons de souveraine­té.

Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure a espéré que d’autres pays exigeraien­t eux aussi des mesures de contrôle accrues. «Si nous n’augmentons pas tous nos normes de sécurité, les terroriste­s, qui voient le transport aérien comme une cible idéale, trouveront et attaqueron­t le maillon faible », a-t-il indiqué.

La perspectiv­e d’une généralisa­tion de l’interdicti­on des ordinateur­s en vol inquiétait le secteur aérien.

Le directeur général de l’IATA, Alexandre de Juniac, avait pointé en juin les «pertes de productivi­té» engendrées pour les passagers empêchés de travailler à bord dans ce cas, estimées à 180 millions par an dans sa forme actuelle et à 1,2 milliard si l’interdicti­on était étendue aux vols entre l’Europe et les États-Unis.

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