Les solitudes patriotiques de l’Ô Canada
Lorsque nous chantons l’Ô Canada, l’égalité de la dualité linguistique et des communautés de langues officielles requiert dorénavant que nous puissions chanter l’hymne national de façon consécutive dans leur entièreté en français et en anglais.
Si la majorité de la population est de langue française, on devrait chanter au départ l’hymne national dans cette langue pour ensuite le chanter en anglais. De même, lorsque la population est majoritairement anglophone, la version française dans son intégralité devrait suivre.
Certains vont critiquer cette approche en invoquant la perte de temps et la duplication d’un même événement qui peut facilement se faire en chantant une version unique bilingue. Si nous voulons être respectueux de nos particularités linguistiques, ceci exige de changer notre démarche dans la prestation chantée de notre hymne national.
Règles floues
De seulement inclure une section en français ou en anglais porte atteinte aux réalités d’une des deux communautés de langues of ficielles.
Il est certain que lorsque nous sommes en présence d’un hymne national étranger, nous pouvons chanter une seule fois l’hymne national du Canada dans une version bilingue. Dans ce cas, il faut décider qu’elle doit être la version appropriée.
Par exemple, à Rideau Hall, résidence du gouverneur général du Canada, l’hymne national est au départ chanté en anglais et la deuxième portion en langue française. Au Centre Bell, les Canadiens de Montréal font l’inverse. Ceci est beaucoup plus respectueux de la dualité linguistique que d’inclure lors du chant en langue anglaise une portion en français.
Il n’existe aucune règle dictant le moment approprié pour chanter l’hymne national lors d’un événement ou l’ordre des langues officielles. Cette décision revient aux organisateurs d’événements qui déterminent si l’Ô Canada sera chanté au début ou à la fin d’une cérémonie et dans quelles langues.
Notre hymne national est le seul hymne des principaux pays du monde occidental qui n’est pas une chanson militaire ou portant sur une bataille ou une révolution. Les versions anglaise et française sont très différentes et reflètent des réalités rattachées à l’histoire de la communauté de langue officielle.
La version française de sir Adolphe-Basile Routhier est un hymne aux origines chrétiennes du Canada et à la place de la foi dans la protection de nation canadienne-française, tandis que la version anglaise est une chanson patriotique du territoire canadien, des individus et des combats. Deux hymnes nationaux pour un seul pays, deux solitudes patriotiques.
Hymne of ficiel
L’Ô Canada, originalement connu comme le Chant national, a été officiellement déclaré hymne national du Canada par un comité spécial mixte du Sénat et de la Chambre des communes, le 15 mars 1967. La version actuelle a été officialisée par la Loi sur l’hymne national le 27 juin 1980, un siècle jour pour jour après avoir été chanté pour la première fois en 1880.
La musique est l’oeuvre de Calixa Lavallée, composée pour le Congrès national des Canadiens français. Les paroles de la version française, qui est un poème en quatre strophes, est interprété la première fois le soir du 24 juin 1880 lors d’un banquet au pavillon des patineurs à Québec. Les paroles utilisent la métrique et les rimes qui convenaient à la musique et connaissent un grand succès dès sa première présentation.
Les paroles de la version française n’ont jamais fait l’objet de modifications, tandis qu’il existe plusieurs versions anglaises écrites. La version anglaise officielle est basée sur celle composée en 1908 par le juge Robert Stanley Weir et n’est pas une traduction littérale de la version française.
Chaque version représente une réalité différente, et il est essentiel de chanter dans son intégralité, lorsque possible, les deux versions de langues officielles afin de respecter la dualité linguistique et la spécificité de chaque communauté linguistique de langues officielles.
Chanté dans son intégralité, l’hymne national dans les deux langues officielles est un exemple de la reconnaissance pleine et entière des communautés de langues officielles à travers le Canada, et ceci devrait être une nouvelle approche avec un Canada qui a 150 ans.