Les dons planifiés : pas seulement pour les riches sans enfants !
Toute votre vie, vous avez donné aux causes qui vous tiennent à coeur. Ou vous auriez souhaité donner davantage. En plus de pouvoir être avantageux fiscalement, les dons planifiés permettent de donner une dernière fois, à votre décès. Une avenue encore peu connue des Québécois. Le regroupement d’organismes Un héritage à partager s’efforce de mieux la faire connaître.
Les dons planifiés, une histoire de gens très riches et très seuls qui ne savent pas à qui donner leurs millions ? Pas nécessairement! Parlez-en à Linda De Luca. Elle ne roule pas sur l’or, loin de là, mais elle vient d’ajouter dans son testament un don à la Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. « C’est un don que je fais en l’honneur de mon fils, Martin», raconte-t-elle.
Venu au monde trisomique, cardiaque et atteint d’insuffisance pulmonaire, il est décédé en 2014, à 39 ans, d’une pneumonie d’aspiration. Il a passé les six derniers mois de sa vie à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Mme De Luca l’a accompagné. «L’équipe a tellement bien pris soin de lui que rapidement, par la suite, j’ai commencé à m’impliquer comme bénévole à la Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont», affirme-t-elle.
Son don planifié contribuera à améliorer les soins offerts aux patients, à encourager la formation de la relève et à soutenir la recherche. «Pas besoin d’être très riche ni de déshériter ses enfants pour faire un don planifié: il y a plusieurs façons de donner et le montant peut représenter une petite part de la succession », affirme Lucille Grimard, présidente d’Un héritage partager.
Trouver sa cause
Il ne faut pas négliger la satisfaction de donner pour quelqu’un qui choisit une cause qui lui tient vraiment à coeur. Avec 120 organismes regroupés au sein d’Un héritage à partager, ce ne sont pas les choix de causes qui manquent. On peut donner entre autres à des universités, à des organisations de développement international ou aider les gens malades ou démunis bien d’ici.
Il y a généralement toute une histoire qui est rattachée au choix de cause, comme dans le cas de Linda De Luca et de son fils Martin. «Souvent, la cause est liée à la famille, remarque Lucille Grimard. Par exemple, s’il y a beaucoup de cas de diabète, on donnera à un organisme actif dans le domaine. On souhaitera par exemple que des sommes aillent en recherche pour tenter d’améliorer le sort des générations à venir.»
D’ailleurs, généralement, les donateurs spécifient où ils souhaitent que leur argent soit investi dans l’organisme. Par exemple dans sa mission, ou dans un projet particulier. « C’est vraiment valorisant pour un donateur de savoir précisément à quoi servira son don », affirme Lucille Grimard.
Parler de son choix
Un héritage à partager conseille aux gens de parler de leur décision de donner à une cause avec les autres membres de leur famille. «On n’aime pas parler de testament au Québec, mais en le faisant, on évite de créer la surprise, affirme Mme Grimard. Les membres de la famille pourraient être heureux à leur tour de voir ce geste positif qui sera posé et décider de faire la même chose. »
La génération des babyboomers s’est beaucoup plus enrichie que la génération précédente, alors les Québécois peuvent davantage donner qu’auparavant. « Nous sommes en train de refaire un sondage, mais celui de 2011 nous indiquait qu’environ 5% des Québécois font des dons testamentaires et 7% seraient favorables à en faire», indique Mme Grimard.
Un impact réel pour les organismes
Que ces dons soient de quelques milliers de dollars, ou de quelques centaines de milliers de dollars, ceux-ci ont un impact réel sur les activités quotidiennes des organismes de bienfaisance.
Par exemple, La Maison du Père est bien connue pour son refuge d’hommes en situation d’itinérance. Mais ce service représente 170 lits seulement sur les 512 modes d’hébergement de l’organisme, qui offre aussi des soins de santé et des lits de convalescence.
«Ces services dans le système public ne sont pas accessibles pour les gens qui n’ont pas d’adresse et nous n’avons pas de subventions pour les offrir», explique Manon Dubois, responsable des dons planifiés à La Maison du Père.
L’organisme travaille aussi en réinsertion sociale en réalisant du suivi en logement et amène les hommes à renouer avec le système en les aidant à demander une carte d’assurance-maladie par exemple. Il y a aussi un programme d’employabilité à travers lequel certains retournent aux études.
La Maison du Père, qui sert 385 000 repas par année, a également une résidence pour personnes âgées et depuis peu, offre des soins palliatifs.
Les dons sont nécessaires pour permettre à l’organisme d’offrir tous ces services. « Sur un budget de 6,5 millions, nous devons aller chercher au moins 50% en dons pour développer nos services qui ne sont pas subventionnés et qui permettent aux hommes de la rue de se réinsérer socialement et de retrouver leur dignité », affirme Manon Dubois.
Souvent, les gens qui font un don planifié à La Maison du Père ont eu un proche qui a connu l’itinérance. «Tout le monde peut avoir un proche touché par l’itinérance, affirme Mme Dubois. Perte d’emploi, problème de santé mentale: c’est un ensemble de facteurs qui fait que des gens se retrouvent à la rue.»
Un fonctionnement plutôt simple
Il existe plusieurs façons de réaliser des dons planifiés. On peut léguer simplement une portion de sa succession. Ou encore, se prémunir d’une assurance vie en indiquant comme bénéficiaire un organisme de bienfaisance. Pour une police de 50 000 $ par exemple, la famille recevra un crédit d’impôt du même montant qui pourrait les aider à couvrir les impôts à payer dans la succession.
«Faire un don planifié, ce n’est pas compliqué, indique Lucille Grimard. Mais on conseille au donateur de rencontrer un planificateur financier pour l’aider à faire le meilleur choix possible afin que ce soit le plus profitable pour tout le monde. »