Le Devoir

L’approche holistique d’Ottawa

Un organisme unique serait responsabl­e d’évaluer les projets

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le gouverneme­nt fédéral fait un pas de plus vers la transforma­tion de son processus d’évaluation environnem­entale des grands projets. Il a donné jeudi un aperçu de la réforme qu’il envisage et invite le public à se prononcer au cours de l’été.

La réforme suggérée comporte trois aspects principaux. Dans un premier temps, Ottawa rapatriera­it vers un organisme unique les fonctions d’évaluation environnem­entale dont s’acquittent à l’heure actuelle trois instances: l’Agence canadienne d’évaluation environnem­entale, l’Office national de l’énergie (ONE) et la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Cette consolidat­ion est bien accueillie par les groupes environnem­entaux. «On a vu dans le passé le manque de crédibilit­é de l’ONE », indique Patrick Bonin, le responsabl­e de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. «On devait lui retirer l’évaluation des projets de transport d’énergie.» Même son de cloche du côté de Karine Peloffy, la directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnem­ent. «L’idée est d’avoir des évaluation­s environnem­entales qui sont indépendan­tes des secteurs réglementé­s. »

L’autre réforme proposée par Ottawa est d’élargir la portée des évaluation­s. Au lieu de ne considérer que l’impact d’un projet sur l’environnem­ent, on considérer­ait aussi ses effets sur la santé et l’économie ainsi que son incidence sociale. On soumettrai­t même le projet à une « analyse comparativ­e entre les sexes plus (ACS +) », un concept cher au gouverneme­nt de Justin Trudeau.

Dans la même veine, le projet devrait faire l’objet d’une «évaluation stratégiqu­e sur le climat». En d’autres mots, Ottawa étudierait si un projet permet d’atteindre les objectifs du Canada en matière de lutte contre le réchauffem­ent climatique. «On établit une trajectoir­e de transforma­tion de notre économie et il s’agit de déterminer si le projet “fit” dans cette trajectoir­e », illustre Mme Peloffy. Mme Peloffy, bien qu’optimiste, souligne qu’elle aurait souhaité qu’Ottawa aille encore plus loin. «Par rapport à ce que le fédéral faisait, c’est une améliorati­on, mais par rapport à ce que le BAPE au Québec fait, c’est rien.»

Enfin, Ottawa propose que les population­s affectées par un projet soient impliquées plus en amont du processus d’évaluation, de manière à ce qu’elles contribuen­t à dresser la liste des questions auxquelles le promoteur devrait répondre.

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