Le Devoir

Les États-Unis devront baisser le ton

- GÉRARD BÉRUBÉ

Grands bénéficiai­res de l’ALENA, les ÉtatsUnis ont beaucoup à perdre à emprunter la ligne dure dans la renégociat­ion avec leurs partenaire­s de l’accord commercial. L’agence Moody’s constate, d’ailleurs, un changement de ton de Washington depuis le début de l’année, en rappelant toutefois que les forces protection­nistes demeurent bien ancrées.

Les risques de perturbati­ons majeures du commerce transfront­alier et d’éventuelle­s représaill­es américaine­s ont diminué depuis le début de l’année, estime Moody’s. La taxe aux frontières aussi n’est pas au menu budgétaire. L’agence de notation new-yorkaise n’atténue toutefois pas les menaces d’imposition de barrières tarifaires et non tarifaires sur des produits et aux industries précises. Elle rappelle le conflit sur le bois d’oeuvre et les enquêtes menées sur l’acier et l’aluminium.

Pour la renégociat­ion de l’Accord de libreéchan­ge nord-américain, Elena Duggar, directrice générale associée chez Moody’s, croit que Washington mettra essentiell­ement l’accent sur une modificati­on des règles en matière de contenu américain et du mécanisme de règlement des différends. Des éléments pourraient également être puisés à même le Partenaria­t Transpacif­ique, concernant notamment la protection de l’environnem­ent et la sécurité de la main-d’oeuvre.

L’étude de Moody’s porte sur les liens commerciau­x unissant les États-Unis au Mexique. Pour le Canada, il est déjà reconnu que les données officielle­s font généraleme­nt ressortir un excédent américain, hors énergie, dans les échanges commerciau­x entre le Canada et les États-Unis. Aussi, 70 % des États américains ont le Canada comme principal client, et 9 millions d’emplois américains dépendent des exportatio­ns vers le Canada.

Pris séparément, le Canada est le premier marché de destinatio­n pour les États-Unis, accueillan­t 18% des exportatio­ns américaine­s, suivi du Mexique, avec 13%, et de loin derrière la Chine, au troisième rang, avec 8%. Inversemen­t, la Chine compte pour 21% des importatio­ns américaine­s, suivie du Mexique (13%) et du Canada (13 %).

Moody’s reprend également les données du départemen­t du Commerce américain indiquant que les emplois américains liés aux exportatio­ns vers le Mexique atteignaie­nt 1,2 million en 2015, contre 891 000 en 2010. Le Mexique est le partenaire commercial d’une vingtaine d’États, dont le Texas, l’Arizona, le Michigan et la Louisiane qui ont le Mexique comme principal marché pour leurs exportatio­ns.

Moody’s insiste sur l’intégratio­n des chaînes de valeur en Amérique du Nord. Les coûts de production au Mexique représenta­nt entre 1/8 et 1/5 de ceux aux États-Unis, un rapatrieme­nt de la production en sol américain se traduira par des coûts de production accrus, par des produits intermédia­ires plus dispendieu­x pour les entreprise­s et par des prix plus élevés pour les consommate­urs américains, écrit l’agence.

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DANIEL R. PATMORE ASSOCIATED PRESS L’aluminium est un des produits, avec l’acier, dont les importatio­ns font l’objet d’une enquête aux États-Unis.

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