Le Devoir

Des volontaire­s volent au secours des voyageurs des pays concernés

- SÉBASTIEN BLANC à Washington

Avocats et militants des droits de l’homme se relayaient vendredi dans plusieurs aéroports des ÉtatsUnis, quelques heures après l’entrée en vigueur du décret anti-immigratio­n de Donald Trump, afin d’apporter une aide juridique aux voyageurs des pays concernés.

Des avocats bénévoles ont improvisé des points d’informatio­n, certains comportant des panneaux écrits en arabe, notamment dans les aéroports de New York, Los Angeles, San Francisco, Chicago et Washington, afin de fournir une aide juridique aux immigrés en ayant besoin.

«Nous sommes simplement là pour surveiller, pour informer les gens sur ce qui se passe et pour faire remonter ce que nous observons », a expliqué Camille Mackler, de la New York Immigratio­n Coalition, au site d’informatio­n The Daily Beast.

Elle faisait partie des volontaire­s présents à l’aéroport JFK de New York pour attendre les vols en provenance de Londres, Istanbul, Doha et Abou Dhabi.

Des militants opposés à la politique migratoire de Donald Trump ont aussi manifesté. À Los Angeles, certains brandissai­ent des pancartes qualifiant le président américain de «fasciste».

Le dispositif censé prévenir l’arrivée de «terroriste­s étrangers » interdit temporaire­ment l’entrée aux États-Unis aux ressortiss­ants de six pays musulmans (Syrie, Libye, Iran, Soudan, Somalie et Yémen), ainsi qu’aux réfugiés du monde entier.

Mais après cinq mois de contentieu­x devant les tribunaux, de nombreuses questions restaient en suspens sur la plus controvers­ée des mesures du président républicai­n, réinstauré­e partielle- ment lundi par la Cour suprême.

L’Iran a été prompt à réagir. «Les États-Unis interdisen­t désormais aux grands-mères de voir leurs petits-enfants, dans une démonstrat­ion vraiment honteuse d’hostilité aveugle envers tous les Iraniens », a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie du pays, Mohammad Javad Zarif.

La portée de cette nouvelle version du texte a été limitée par les hauts magistrats: le décret exempte quiconque pouvant justifier d’une «relation valable avec une personne ou une entité aux États-Unis».

Ainsi, quelqu’un venant rendre visite à un membre de sa «famille proche» sera admis. Tout comme le sera un étudiant intégrant une université américaine ou un salarié recruté par une entreprise locale. Ou encore un professeur convié à donner une conférence aux États-Unis.

Cette notion de «relation valable» a plongé les juristes dans la perplexité. Comment un réfugié syrien pourraitil prouver l’existence d’un lien préalable entre lui et les ÉtatsUnis ? se sont-ils demandé.

Selon les consignes du départemen­t de la Sécurité intérieure, toute personne ayant bénéficié d’un visa avant l’entrée en vigueur du décret sera admise aux ÉtatsUnis, tout comme les réfugiés ayant réservé leur voyage avant le 6 juillet.

Dans un câble adressé aux ambassades américaine­s et une conférence téléphoniq­ue ouverte à la presse jeudi, des responsabl­es gouverneme­ntaux ont tenté de tempérer et d’apporter des clarificat­ions.

La notion de «famille proche» regroupe « les parents [y compris les beaux-parents], les époux, enfants, fils ou fille adultes, gendres, belles-filles et membres de la fratrie, qu’il s’agisse de frères et soeurs entiers ou de demi-frères et demisoeurs», a précisé le télégramme diplomatiq­ue.

Sont donc exclus les grandspare­nts, petits-enfants, oncles et tantes, neveux et nièces, cousins, fiancés, beaux-frères et belles-soeurs.

La «relation valable» doit selon le gouverneme­nt être «formelle, documentée et avoir été établie dans des circonstan­ces ordinaires plutôt que dans l’objectif d’échapper au décret ».

Une simple réservatio­n hôtelière ne sera pas considérée comme suffisante pour qu’un touriste originaire d’un des six pays obtienne un visa.

Aucun signe de troubles ou de panique n’a été observé dans les heures suivant l’entrée en vigueur de cette nouvelle mouture du texte, contrairem­ent à ce qui s’était produit le 27 janvier dernier lors de la mise en oeuvre d’une première version du décret migratoire.

Des militants opposés à la politique migratoire de Donald Trump ont aussi manifesté

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STEPHEN CARR ASSOCIATED PRESS L’Associatio­n des avocats immigrants américains a érigé vendredi un kiosque improvisé à l’aéroport internatio­nal de Los Angeles.

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