Le Devoir

Justin Trudeau à la rencontre des militants autochtone­s

Les manifestan­ts ont érigé un tipi sur la colline du Parlement pour sensibilis­er les Canadiens à l’histoire des autochtone­s du pays

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Ottawa — Justin Trudeau dit avoir livré un message de respect et de réconcilia­tion, vendredi, aux militants autochtone­s qui ont installé leur tipi sur la colline du Parlement — et qui comptent y rester tout au long des célébratio­ns du 1er juillet.

Le premier ministre et sa femme, Sophie Grégoire, sont arrivés sur place en avantmidi, alors que la capitale était plongée dans les préparatif­s de la fête du Canada, qui devrait attirer une foule d’un demi-million de personnes à Ottawa ce week-end.

Les manifestan­ts de Sault Ste. Marie, en Ontario, ont érigé le campement mercredi soir dans le cadre de cette « réoccupati­on » de quatre jours qui vise à sensibilis­er les Canadiens à l’histoire des Autochtone­s du pays, marquée par le génocide et l’assimilati­on.

Neuf d’entre eux avaient initialeme­nt été arrêtés puis relâchés, avant que les autorités ne leur permettent finalement de s’installer sur la pelouse principale plutôt qu’en bordure du terrain.

Jeudi, M. Trudeau s’était dit sensible à leur message, admettant volontiers que plusieurs membres des Premières Nations n’ont pas le coeur à célébrer le 150e anniversai­re de la fédération.

Vendredi, le premier ministre et sa femme ont passé près d’une demi-heure à l’intérieur du tipi avec ces militants « protecteur­s de l’eau».

M. Trudeau était de passage afin de prendre part aux répétition­s du grand événement de samedi. Les militants ont dit avoir été mis au parfum de la venue du premier ministre quand la Gendarmeri­e royale du Canada s’est présentée pour fouiller le tipi.

Le groupe autochtone a salué la visite du premier ministre, mais a toutefois laissé savoir que cela ne mettrait pas nécessaire­ment fin à sa présence sur la colline. «Il y a du travail que nous devons faire pour nousmêmes, indépendam­ment du pays du Canada», a dit l’une des personnes ayant pris part aux discussion­s, Ashley Courchene.

Justin Trudeau et Sophie Grégoire sont restés environ 30 minutes à l’intérieur du

« Il y a du travail que nous devons faire pour nous-mêmes, indépendam­ment du pays du Canada Ashley Courchene, militante autochtone

tipi, s’entretenan­t avec quatre personnes.

Une vidéo publiée sur YouTube montre le premier ministre assis les jambes croisées, ses chaussures retirées, écoutant la militante Candace Day Neveau réclamant que l’actuel ministère des Affaires autochtone­s et du Nord soit renommé pour inclure la notion du respect des traités, et que l’actuelle Loi sur les Indiens soit supprimée. «Nous devons aller au-delà de la Loi sur les Indiens, nous devons mettre fin à la Loi sur les Indiens, mais nous ne pouvons pas le faire d’un seul coup de stylo d’Ottawa», a fait valoir le premier ministre.

Éduquer la population

Mme Day Neveau a expliqué que le groupe s’était présenté avec l’intention d’éduquer la «population coloniale» sur la façon dont les peuples autochtone­s sont « constammen­t traités ».

Si l’objectif de cette « réoccupati­on » n’était pas une rencontre avec M. Trudeau, celle-ci signifie tout de même que la voix du groupe a été entendue, a estimé Mme Day Neveau.

«Nous voulons démontrer que nous sommes ici avec générosité et amour dans nos coeurs et nous avons prouvé cela.»

Le tipi pourrait être démonté samedi après-midi, mais un consensus à cet effet devra d’abord être trouvé au sein du groupe, a expliqué Mme Courchene.

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