Le Devoir

Marché du carbone : le PQ exige des consultati­ons

- PATRICE BERGERON à Québec

L’opposition officielle à Québec réclame des consultati­ons sur l’avenir de la Bourse du carbone, la stratégie principale de réduction des gaz à effet de serre (GES) du gouverneme­nt Couillard.

Le Parti québécois (PQ) est appuyé dans sa demande par des organisati­ons telles que Greenpeace et la Fondation David Suzuki, qui émet toutefois des réser ves.

En vertu du Plan d’action sur les changement­s climatique­s 2013-2020, le gouverneme­nt devra bientôt adopter une nouvelle réglementa­tion sur le marché du carbone et l’opposition péquiste ne veut pas de consultati­ons restreinte­s en vase clos sur cet enjeu important, comme il est d’usage pour l’adoption d’un règlement.

Dans une entrevue avec La Presse canadienne, le porte-parole du Parti québécois en matière d’environnem­ent, Sylvain Gaudreault, a fait valoir qu’à michemin dans le plan d’action 2013-2020, il est temps de s’asseoir et d’en discuter, puisqu’on sait déjà que le Québec « n’atteindra pas ses cibles» de réduction de GES.

En effet, en 2015-2016, le Québec avait diminué ses émissions de GES de 1,4 mégatonne par rapport au niveau de 1990, alors qu’il devrait plutôt être à 3 mégatonnes, soit 50% de l’objectif final de réduction de 6 mégatonnes en 2020.

«Ce sera le meilleur moment d’en jaser de façon ouverte, a déclaré le député de Jonquière. Il y a un enjeu de transparen­ce et d’informatio­n du public. »

«Ce

sera le meilleur moment d’en jaser de façon ouverte Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti québécois en matière d’environnem­ent

«Alignement des planètes»

Il a aussi rappelé que les grandes entreprise­s qui participen­t au marché du carbone « demandent de la prévisibil­ité» et veulent savoir à quoi s’attendre après 2020. «Moi je m’en fais parler, j’ai Rio Tinto dans mon comté et Produits forestiers Résolu, a-t-il argué. On ne décidera pas ça à minuit moins une avant l’échéancier de 2020.»

M. Gaudreault a aussi souligné que la Californie, l’autre partenaire du Québec dans le marché du carbone, a ellemême tenu des consultati­ons en 2016 sur la continuati­on de ce système.

Par ailleurs, le contexte a changé depuis 2013, a rappelé le député de Jonquière: l’Ontario a adhéré au marché du carbone, le gouverneme­nt Trudeau va mettre en place une taxe sur le carbone, et on attend le bilan de la première phase du Plan d’action sur les changement­s climatique­s.

« Il y a comme un alignement de planètes qui justifie la tenue de consultati­ons», a résumé M. Gaudreault.

Il estime qu’une commission parlementa­ire serait la «bonne formule» pour entendre dès l’automne prochain les différents acteurs, autant les spécialist­es, les groupes écologiste­s que les entreprise­s.

Greenpeace

Greenpeace Canada soutient la demande du Parti québécois. Dans un courriel transmis à La Presse canadienne, le responsabl­e climaténer­gie de l’organisati­on, Patrick Bonin, a indiqué qu’il faut faire le bilan de la mise en place du marché du carbone et se pencher sur les hypothèses à venir.

La Fondation David Suzuki exige aussi des consultati­ons, mais les veut plus larges que sur le marché du carbone. Son directeur général pour le Québec, Karel Mayrand, émet des craintes: l’échéancier est serré et il ne faut pas que certains tirent profit des retards. De même, il ne faut pas que cette question devienne une « patate chaude partisane », à un an des élections générales, a-t-il confié.

Enfin, une figure d’autorité dans le domaine de l’environnem­ent, le professeur Normand Mousseau, milite aussi pour un exercice de consultati­ons. Il estime que la démarche actuelle du gouverneme­nt «manque de coordinati­on» et qu’il faut réévaluer les mesures en place ou à venir.

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