Connaître l’histoire, c’est éviter de répéter les mêmes erreurs
C’est en lisant les propos de la lettre de M. Christopher Neal au Devoir ( « Le sort des Anglo-Québécois», Le Devoir, 29 juin 2017, page A 6) que de profonds souvenirs d’une période de fortes tensions sociales au Québec sont remontés à la surface.
C’était l’époque du projet de loi 63 (bill 63). En 1969, une loi déposée alors par le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand voulait permettre à quiconque en faisait la demande de choisir la langue dans laquelle son enfant recevrait son apprentissage à l’école.
Déjà, à l’époque, 70 % des nouveaux arrivants au Québec choisissaient l’anglais pour l’école de leurs enfants. Devant cette réalité qui menait incontestablement à l’assimilation, les Québécois de toutes al- légeances politiques (une foule évaluée entre 15 000 et 30 000 personnes) se sont alors soulevés pour aller manifester devant le parlement de Québec et dénoncer cette politique qui aurait consacré la mort de la langue française au Québec.
Je conseillerais à M. Neal de relire ses traités d’histoire, car l’idée d’ouvrir la porte à l’enseignement en anglais à demande a réveillé un fort sentiment nationaliste chez tous les Québécois francophones, qui ont senti leur existence menacée comme groupe linguistique.
Aujourd’hui, la réalité a tellement changé. Les enfants francophones parlent très bien anglais (beaucoup mieux que leurs parents très souvent!) et, comme le mentionnait lui-même M. Neal, ils vont parfaire leurs connaissances de l’anglais au cégep. En effet, nous le savons tous, les cégeps anglophones ne suffisent plus à la demande, autant auprès des francophones qu’auprès des nouveaux arrivants.
Sommes-nous prêts à rouvrir cette boîte de Pandore, M. Neal ? Peut-être que M. Jean-Marc Fournier a la même opinion que vous là-dessus, lui qui sent les droits des anglophones menacés au Québec, mais pour la majorité des Québécois, ce serait confiner la langue française dans un rôle de folklore et, dans ces circonstances, je retournerais à Québec pour manifester comme j’y étais en 1969. Richard Leduc Le 29 juin 2017