Régimes de retraite : les taux brouillent encore les cartes
Les régimes de retraite à prestations déterminées voient encore leur performance être freinée par la faiblesse des taux d’intérêt de long terme. Ils ont également dû composer avec la contre-performance des actions canadiennes. N’empêche, leur solvabilité s’est améliorée.
Selon l’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite, le ratio de solvabilité d’un régime à prestations déterminées type a légèrement augmenté, à 103% au deuxième trimestre contre 102% en début d’année et au premier trimestre. Pour sa part, le ratio médian des 604 clients du cabinet-conseil est demeuré inchangé, à 93 %. «Bien que le premier semestre de 2017 ait été relativement stable, la capitalisation des régimes s’est améliorée d’environ 10 à 15% par rapport à la même date l’année dernière », a ajouté Mercer.
Les rendements étaient pourtant au rendezvous, mais il fallait être diversifié géographiquement. Ainsi, au 27 juin 2017, le rendement des actions canadiennes composant l’indice S & P/TSX n’était que de 1,7% depuis le début de l’année. Et dire qu’il avait dominé les grands marchés financiers en 2016 avec une progression de 17,5 % !
Ailleurs, les actions américaines composant le S& P 500 sont en hausse de plus de 7% depuis le début de l’année (en dollars canadiens) alors que les actions internationales et marchés émergents ont offert du 13 et du 17% respectivement (en dollars canadiens) dans l’inter valle.
«Au deuxième trimestre, les solides rendements des marchés boursiers internationaux ont donné un élan aux régimes de retraite. Il a par contre été annulé en grande partie par l’effet du recul d’environ 20 points de base des taux d’intérêt à long terme et de la faiblesse des actions canadiennes. Le recul des taux d’intérêt aura fait augmenter de 2%à 3% la valeur des engagements des régimes de retraite au cours du trimestre. Le régime type couvre plus ou moins 40 % de son risque de taux d’intérêt au moyen de sa stratégie en matière d’investissements», écrit Mercer. Le taux de rendement à l’échéance d’une obligation canadienne de long terme était de 2,9% au 27 juin, contre 3,2% au 31 décembre 2016.
Au cours du deuxième trimestre, un portefeuille équilibré type a affiché un rendement de 3,6 %. Toutefois, «les régimes avec une forte pondération en actions canadiennes et des couvertures moins élevées contre les fluctuations des taux d’intérêt auront connu un certain repli au deuxième trimestre. »
Jeux de taux
Si les grandes banques centrales s’engagent dans un resserrement monétaire et jonglent avec une remontée de leur taux cible à un jour, la baisse des attentes inflationnistes et le ralentissement
attendu de l’élan économique au-delà de 2017 pèsent de tout leur poids sur le taux des échéances de cinq à dix ans. Ces jeux de taux entre les échéances de court et de long terme forcent de nouveaux arbitrages au moment où le marché des actions devient toujours plus vulnérable à une correction.
Dans son analyse, Mercer revient sur les modifications apportées aux règles de capitalisation des régimes de retraite. «L’Ontario a emboîté le pas au Québec en délaissant dans une large mesure la capitalisation du déficit de solvabilité en faveur d’un modèle axé sur l’approche de continuité renforcée. Les nouvelles règles auront comme principal effet de diminuer considérablement la volatilité des exigences de cotisations.»
Mais elles permettent aussi aux gestionnaires de revoir leur stratégie et de diminuer les risques de leurs régimes, notamment en délaissant des actions pour des obligations. Et le moment est peut-être propice pour le faire. Au 27 juin dernier, les obligations canadiennes ont fourni un rendement de 3,3 % depuis le début de l’année, gonflé par une performance de 2% au deuxième trimestre. Les obligations canadiennes à longue échéance ont donné du 7,5 %, dont 5,6 % au deuxième trimestre.
L’économiste en chef de BMO Marché des capitaux, Robert Kavcic, a proposé cette semaine un petit clin d‘oeil historique de la performance de l’indice boursier S & P/TSX. Cet indice, qui était sous les 100 points en 1910, a terminé vendredi au-dessus des 15 000 points.
La pire décennie pour l’indice a été, on le devine, celle de la Grande Dépression, le TSX perdant plus de 60% de sa valeur (sur la base des fermetures mensuelles) au cours des dix ans terminés en 1939. La décennie terminée en 1974 a également été négative, alors que la dernière décennie n’a offert qu’un taux annualisé de 1%, soit l’une des pires performances de l’histoire moderne, nous dit Robert Kavcic.
À l’opposé, les plus fortes séquences positives ont été mesurées lors de la décennie terminée en 1950, sous l’impulsion de la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de l’industrialisation. Suivie par les décennies 1980 (sous l’influence pétrolière) et 1990 (avec le boom technologique ayant culminé en 1999).
L’influence pétrolière sur l’indice TSX a cependant eu l’effet inverse ces dernières années, sauf en 2016. Le TSX a alors bondi de 17,5%, notamment en raison de l’envolée de 31,2 % des titres du secteur énergétique.