Le Devoir

Vive Tel-Aviv à vélo

Ouverte, dynamique, branchée, la ville n’éteint jamais ses feux

- HÉLÈNE CLÉMENT à Tel-Aviv–Jaffa

Tel-Aviv dégage une forte vitalité qui s’exprime dans l’architectu­re, les loisirs, la culture, la gastronomi­e. Plus qu’une porte d’entrée — l’aéroport internatio­nal étant situé là, des voyageurs y sont en route vers Jérusalem, la mer Morte, Nazareth… —, elle mérite qu’on s’y attarde. Et pourquoi pas à vélo! Un moyen aussi dynamique que cette cité fringante aux multiples surnoms, dont celui de «ville qui ne dort jamais».

Visiter Israël? Une expérience plutôt facile à réaliser depuis qu’Air Transat a ajouté une liaison directe depuis Montréal à son programme estival. Environ dix heures et demie de vol entre les aéroports Trudeau et Ben Gourion, à 18 kilomètres du centre de Tel-Aviv–Jaffa.

Quelques heures et hop, nous voilà au Moyen-Orient, face au Tayelet, la promenade qui longe sur plus de dix kilomètres

les plages de Tel-Aviv et que les gens arpentent en marchant, en courant, en pédalant, en trottinant… jus de grenade à la main.

Tel-Aviv? On se pince pour être sûre de ne pas rêver. On s’attend à une ville conservatr­ice, sous tension, et on découvre une métropole vibrante, aux airs de Miami et de New York, où les Tel-Aviviens croquent la vie à pleines dents, de jour comme de nuit.

On se divertit ici comme s’il y avait urgence de vivre. Peutêtre est-ce le cas dans cette ville de quelque 400 000 habitants, plus connue pour sa guerre que pour sa place prépondéra­nte sur la scène gastronomi­que, culturelle, architectu­rale et de haute technologi­e. N’est-ce pas à Tel-Aviv que l’applicatio­n WAZE, notamment, a vu le jour ?

Tel-Aviv n’est pas envoûtante comme Jérusalem, mais certaineme­nt plus légère. On comprend mieux la raison de l’un de ses nombreux surnoms : « La Bulle ».

Une bulle qui semble avoir fait de la légèreté, de l’optimisme et de la tolérance ses armes. À Tel-Aviv, on flâne, on drague, on fait du sport, on boit du café en terrasse et on fait la fête jusqu’au petit matin. Une forme d’aisance complétée par une énergie enflammée de créativité qui place Israël sur la scène internatio­nale en art, en mode, en cinéma.

«Bien des Israéliens croient que la vie ici, ce n’est pas la vraie vie, explique Dror Shoresh, le guide avec qui nous découvrons la ville de nuit. Pour eux, nous vivons dans une bulle, loin de la réalité conflictue­lle de l’État. Si bien qu’on a adopté ce surnom en se disant que, peut-être bien que Tel-Aviv n’a rien à voir avec l’État d’Israël. » Cafés, bars, restaurant­s branchés, musées et une quinzaine de plages pour tous les goûts: promeneurs de chiens, surfeurs, amateurs de natation, de «matkot», de «batucada» brésilienn­e et de tambours du shabbat, enfants, gais, religieux très pratiquant­s…

S’ajoutent à cela 120 kilomètres de voies cyclables et du soleil 300 jours par année.

Tel-Aviv–Jaffa a des airs de vacances et de liberté. Avec, en sus, une histoire qui remonte à 3500 ans. Inutile de dire qu’une journée et demie, c’est bien peu pour l’explorer.

D’accord avec le guide Lonely Planet Israël et les territoire­s palestinie­ns : «Seule une immersion d’au moins une semaine à Tel-Aviv permet d’en saisir l’essence.»

Capitale du «cool méditerran­éen»

Celle que l’on surnomme la «ville blanche», la «Big Orange», la «ville qui ne dort jamais», «la bulle», la capitale du «cool méditerran­éen» abonde de sites culturels et gastronomi­ques incontourn­ables: le Musée d’art de Tel-Aviv avec sa collection de tableaux impression­nistes et postimpres­sionnistes mettant à l’honneur Renoir, Gauguin, Degas, Pissarro, Monet, Picasso, Cézanne, Chagall, Van Gogh…

Et l’exposition temporaire Expo 67, où Israël a recréé son pavillon de l’île Notre-Dame. Cette expo, qui souligne à la fois le 50e anniversai­re d’Expo 67 à Montréal et celui de la guerre des Six Jours, déclenchée le 5 juin 1967 et qui a permis à l’État hébreu d’accroître considérab­lement son territoire, est présentée jusqu’en septembre prochain.

Il faudra revenir pour aller déambuler dans les rues étroites et colorées du Shuk HaCarmel, le marché de rue le plus typique de la ville, ouvert tous les jours de la semaine sauf celui du shabbat, le samedi.

«Le shabbat, c’est un peu comme le dimanche chez vous, dit Paule Rakower, notre guide. C’est notre jour de repos. Il commence juste avant le coucher du soleil le vendredi. Les bureaux sont fermés, mais aussi les boutiques de détail et les supermarch­és.»

Si la «Halakha» interdit de faire du commerce pendant le shabbat, Tel-Aviv semble épargnée par cette loi juive. Jérusalem Ouest aussi. Des accords de statu quo autorisent les restos, discos, bars, cinémas, musées et épiceries à rester ouverts. Les Tel-Aviviens profitent donc de leur septième jour de la semaine pour sortir en famille. Les restaurant­s sont bondés et la vie bat son plein aussi bien à la synagogue qu’à la plage.

«Ce que j’aime à Tel-Aviv, c’est ce sentiment de liberté, poursuit la guide. Ici, chacun se sent libre de faire ce qu’il veut, sans être jugé. Que l’on soit très pratiquant ou pas du tout, homosexuel, parent célibatair­e, jeune, vieux, tous y trouvent leur place.»

Petite et plate

Tel-Aviv se visite bien à vélo. La ville est petite et plate — géographiq­uement —, avec des pistes cyclables un peu partout, le long des grands boulevards et du littoral et dans les parcs. C’est le meilleur moyen de passer de quartier en quartier, chacun ayant un caractère bien particulie­r, tout en faisant un pied de nez à la circulatio­n.

Plusieurs agences proposent des sorties dans le centre-ville ainsi que dans le parc Ha Yarkon, à Jaffa ou sur le Tayelet, cette fameuse promenade le long de la mer entre le port de Tel-Aviv et celui de la vieille cité de Jaffa, le quartier le plus ancien.

Jaffa. Mon coup de coeur. L’une des plus vieilles villes au monde et un des plus vieux ports. Celui où le roi Salomon reçut les cèdres du Liban pour la constructi­on du temple de Jérusalem; où l’apôtre Pierre, selon le Nouveau Testament, éleva Tabitha, et où Jonas fut recraché par la baleine après trois jours passés dans les entrailles du mammifère marin.

Aujourd’hui, on se balade dans un dédale de ruelles et de bâtiments en grès transformé­s en ateliers pour artistes et sur une place centrale, Kikar Kedumim, bordée de cafés et de boutiques de souvenirs. Se trouve aussi l’église franciscai­ne SaintPierr­e, consacrée en 1654. Son beffroi domine la Méditerran­ée et une partie de Tel-Aviv.

Sur le Tayelet bordé de palmiers, on ne perd jamais de vue la mer. On y trouve des restaurant­s, des bars à jus, des discos, des magasins de glace, des écoles de surf, une statue de David ben Gourion faisant le poirier, des gradins pour observer le coucher du soleil et la fameuse piscine Gordon, un arrêt obligatoir­e pour les amateurs de natation.

De taille olympique et en plein air, on la remplit quotidienn­ement d’eau de mer puisée dans la Méditerran­ée. Et pas de repos pour le shabbat. Elle est ouverte tous les jours dès 5 h du matin. Parfait pour brûler quelques calories avant le petit-déjeuner.

Et parlons-en, de ce sacrosaint petit-déjeuner israélien, qui s’apparente à un festin. Jus de fruits frais, salades et grande variété de légumes, de fruits et de fromages, pain fraîchemen­t sorti du four, poissons, viandes, yogourts, céréales, olives, café, thé… Ouf !

Les origines de ce repas gargantues­que ? «Du kibboutz, au début du XXe siècle, explique Paule Rakower. Les ouvriers commençaie­nt leur journée de travail à l’aube dans les champs. Ils revenaient affamés et se nourrissai­ent de tout ce que la terre leur offrait. Des fruits, des légumes frais, des oeufs, des produits laitiers, de la viande, des olives… Et les hôtels ont suivi en offrant ces petits-déjeuners sous forme de buffet copieux.»

Il y a les agences de vélo, donc, qui proposent des visites guidées, mais Tel-Aviv a aussi mis en place Tel-O-Fun — un jeu de mots avec ofan, qui signifie «vélo» en hébreu —, un service de location de vélo (semblable au Bixi montréalai­s) fort de quelque 1500 vélos et 150 stations d’accueil situées près des lieux touristiqu­es et des grands boulevards.

Ne reste qu’à étudier l’hébreu pour déchiffrer, sur les bornes, les informatio­ns de location ou à demander à un passant de vous les traduire.

La piscine Gordon, de taille olympique, est remplie quotidienn­ement d’eau de mer puisée dans la Méditerran­ée

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PHOTOS HÉLÈNE CLÉMENT On roule sur la jetée de la marina de Tel-Aviv
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Le vélo est le mode de transport de bien des Tel-Aviviens.
 ?? PHOTOS HÉLÈNE CLÉMENT ?? Vue sur le Vieux-Jaffa de la terrasse panoramiqu­e du musée Ilana Goor.
PHOTOS HÉLÈNE CLÉMENT Vue sur le Vieux-Jaffa de la terrasse panoramiqu­e du musée Ilana Goor.
 ??  ?? Le marché Sarona propose le meilleur de la gastronomi­e des quatre coins du monde, dans le quartier historique, une ancienne colonie de templiers allemands des années 1870. À droite: les vieilles ruelles de Jaffa, où il fait bon flâner. Les archéologu­es ont établi que c’était déjà un port fortifié au XVIIIe siècle avant Jésus-Christ.
Le marché Sarona propose le meilleur de la gastronomi­e des quatre coins du monde, dans le quartier historique, une ancienne colonie de templiers allemands des années 1870. À droite: les vieilles ruelles de Jaffa, où il fait bon flâner. Les archéologu­es ont établi que c’était déjà un port fortifié au XVIIIe siècle avant Jésus-Christ.
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On compte plus de 120 kilomètres de voies cyclables à Tel-Aviv. Un système de location semblable au Bixi de Montréal permet d’enfourcher une bicyclette dans plus de 75 stations. À droite: un bar à salade au marché Sarona.
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