Le Devoir

Prendre les balades à la lettre

À travers les récits d’auteurs classiques, les Escapades littéraire­s permettent de voir des villes dans le confort de sa chaise longue

- ÉMILIE FOLIE-BOIVIN

New York a la propositio­n la plus touffue. On explore la métropole à travers des extraits de textes d’Edgar Allan Poe (qui déplore que les désormais fameux brownstone, ces immeubles en pierre rouge, profanent le paysage de l’île), d’Arthur Miller (et les façades moisies de Brooklyn) ou encore du Bûcher des vanités de Tom Wolfe.

Si Google Maps permet de visiter chaque coin de rue d’une ville avant même d’y avoir mis les pieds, la littératur­e reste la méthode analogique par excellence des voyageurs qui désirent s’imbiber d’une destinatio­n avant un séjour. Même si, en 1829, l’auteur français Stendhal le déconseill­ait vivement.

«Je dirais aux voyageurs: en arrivant à Rome, ne vous laissez empoisonne­r par aucun avis; n’achetez aucun livre, l’époque de la curiosité et de la science ne remplacera que trop tôt celle des émotions», peut-on lire dans Rome, escapades littéraire­s, l’une des toutes récentes anthologie­s de la collection «Pavillons Poche» des Éditions Robert Laffont.

Deux cents ans plus tard, faisons une entorse à sa recommanda­tion, car il n’y a rien de plus agréable que de découvrir une ville à travers les yeux et les mots des grands auteurs.

Inspirante­s, les villes ont toujours servi de muses aux écrivains et c’est dans leurs correspond­ances, leurs lettres, leurs carnets de route et leurs histoires que la collection a puisé ces textes.

Jusqu’à présent, des escales sont proposées dans quatre villes (Rome, New York, Berlin et SaintPéter­sbourg).

New York a bien sûr la propositio­n la plus touffue. On explore la métropole cosmopolit­e à travers des extraits de textes d’Edgar Allan Poe (qui déplore que les désormais fameux brownstone, ces immeubles en pierre rouge, profanent le paysage de l’île), d’Arthur Miller (et les façades moisies de Brooklyn) ou encore du Bûcher des vanités de Tom Wolfe.

Une mégalopole plus souvent évoquée qu’explorée à travers des extraits évanescent­s, mais on ne manque pas de prétextes pour replonger dans les histoires complètes de ce recueil.Rome plonge au coeur de la ville et appelle les sens; on la goûte, la sent, la voit, la vit sous la plume des guides que sont Zola, Chateaubri­and et Duclos.

Une ville étonnante

Dans Saint-Pétersbour­g, JeanJacque­s Casanova de Seingalt souligne, en parlant du travail de Pierre le Grand, qu’en 1765, la ville portuaire russe est déjà en ruine, comme si «un despote puissant [l’]avait fait élever à la hâte».

Si le premier coup d’oeil plaît à Daniel Lescallier, en 1775, il mentionne tout de même qu’«on y voit très peu de bâtiments construits sur un bon goût d’architectu­re ».

Un siècle plus tard (le texte le plus récent du recueil), Olympe Audouard y décrit une ville étonnante. «Si ce

Inspirante­s, les villes ont toujours ser vi de muses aux écrivains

n’est pas parfaiteme­nt beau, c’est complèteme­nt étrange.» Quant à Berlin, la capitale allemande réjouit Voltaire mais ennuie Chateaubri­and et Jules Laforgue.

On met le grappin sur ces petites plaquettes vendues moins de 10$ pour revenir sur les traces d’une ville pré-GPS, avant de partir la visiter ou au retour, pour alimenter les souvenirs.

Elles feront passer une agréable heure sur la route des vacances aux copilotes assis dans le siège passager. Mention spéciale aux pages de la fin de chaque document, où sont suggérés d’autres titres pour voir (lire) encore plus du pays. ESCAPADES LITTÉRAIRE­S BERLIN, ROME, SAINT-PÉTERSBOUR­G, NEW YORK Collectif Éditions Robert Laffont Collection «Pavillons Poche» Paris, 2017

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ÉMILIE FOLIE-BOIVIN

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