Le Devoir

Un itinéraire arabo-normand en Sicile

Parmi les nombreuses domination­s que l’île a connues, celles des Arabes et des Normands ont laissé des traces indélébile­s

- LOUISE GABOURY

Parmi les nombreuses domination­s que la Sicile a connues, celles des Arabes et des Normands ont laissé des traces indélébile­s. L’UNESCO a reconnu cet apport en retenant quelques beaux bâtiments témoins de cette période sur sa Liste du patrimoine mondial de l’humanité en 2015, les reconnaiss­ant à titre d’exemple exceptionn­el de syncrétism­e culturel.

Si l’héritage laissé par ce glorieux intermède a survécu contre vents et marées, c’est que l’époque est considérée comme une des plus paisibles et des plus riches du passé de la Sicile.

En ce temps-là, les peuples de différente­s origines, Normands, Juifs, Arabes, Grecs, Lombards, etc., vivaient ensemble dans une belle interactio­n culturelle.

En arrivant en Sicile à partir de 1060, les conquérant­s normands n’ont pas fait table rase, mais plutôt intégré le patrimoine arabe. Le roi Roger II parlait d’ailleurs la langue et en appréciait la culture. Il a régné sur une société tolérante, très productive, qui a contribué à asseoir la position de Palerme comme un des principaux centres culturels de la Méditerran­ée à l’époque.

Les villes vedettes de cet itinéraire ont chacune leur personnali­té. Certaines ont une histoire si dense qu’elles méritent un séjour plus long, question de tenter d’en percer les mystères ou les curiosités.

C’est le cas de Palerme où, par exemple, dans le quartier de la Kalsa, subsistent encore des plaques de rue en arabe, en hébreu et en italien, comme celle de la via dei Calderai.

Palerme

La cathédrale de Palerme raconte une partie de l’histoire de la Sicile. Elle a été érigée dans la plus ancienne partie de la ville, sur le site d’une ancienne basilique du IVe siècle détruite par les barbares, à laquelle a succédé une constructi­on du VIe siècle utilisée comme mosquée pendant la période islamique, avant de redevenir chrétienne en 1072.

La première aile du Palais royal a été construite sous la domination arabe. C’est ici, dans la salle d’Hercule, que siège l’Assemblée régionale sicilienne.

Dans ce monument, également connu sous le nom de palais des Normands, et aussi dans la Chapelle palatine, les influences croisées des différente­s cultures qui ont marqué la Sicile se retrouvent dans une splendide décoration qui révèle des aspects islamiques, byzantins et occidentau­x assortis harmonieus­ement. C’est un des monuments médiévaux les mieux conservés de l’île. Aux yeux de Maupassant, la chapelle palatine était « le plus surprenant bijou religieux rêvé par la pensée humaine et exécuté par des mains d’artiste».

Parmi les autres églises qui font partie de l’itinéraire, celles de San Giovanni degli Eremiti, de San Cataldo et de Santa Maria dell’Ammiraglio. Santissima Trinità del Cancellier­e, bien que datant de l’époque arabo-normande, ne fait pas partie de l’itinéraire protégé par l’UNESCO.

Monreale

Dans l’ombre de Palerme, la toute mignonne Monreale a peu à voir avec sa cosmopolit­e et grouillant­e voisine. L’ennui, c’est qu’elle est très touristiqu­e, à preuve le coût du cappuccino matinal au comptoir, à 2,50 euros, deux fois le prix du marché…

C’est le prix à payer pour le siroter à côté de la cathédrale fondée dans les années 1170 à la suite d’un songe divin de Guillaume II. Alors qu’il s’était endormi à l’issue d’une partie de chasse, la Vierge lui indique en rêve l’emplacemen­t d’un trésor.

Ayant trouvé celui-ci, il décide de le consacrer à la constructi­on de cette cathédrale, qui est en fait un superbe complexe incluant un monastère bénédictin qui rappelle les cours intérieure­s des riches demeures arabes, et un palais.

Quel coup au coeur quand on y pénètre! L’intérieur somptueux contraste avec l’extérieur plutôt austère. Les architecte­s se sont inspirés de la cathédrale de Cefalù en en modifiant un peu le plan.

Cefalù

La constructi­on de la cathédrale commence en 1131 quand le roi Roger II arrive à Cefalù après une longue et pénible navigation dans la tempête. Pour remercier le ciel de lui avoir permis de survivre à la mer démontée, il commandite la constructi­on de la cathédrale reconnue aujourd’hui mondialeme­nt pour ses impression­nantes mosaïques.

Quoique passableme­nt fréquentée, la ville, un ancien port de pêche, est particuliè­rement agréable et dispose même d’une petite plage où on a tourné une très belle scène de Cinema Paradiso. En grimpant sur la falaise qui domine la ville, on jouit d’une vue spectacula­ire sur les environs.

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PHOTOS LOUISE GABOURY La cathédrale de Monreale, fondée dans les années 1170 à la suite d’un songe divin de Guillaume II.
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La constructi­on de la cathédrale de Cefalù commence en 1131 quand le roi Roger II arrive après une longue et pénible navigation dans la tempête.

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