Le Devoir

Le Qatar présente sa contre-propositio­n

Les adversaire­s décideront mercredi si les sanctions contre Doha sont maintenues

- OMAR HASSAN ABDULLA au Koweït

Le Qatar a remis lundi au médiateur koweïtien sa réponse aux demandes de ses voisins du Golfe et de l’Égypte le sommant de cesser son soutien à des mouvements jugés « terroriste­s » et de prendre ses distances avec l’Iran sous peine d’isolement durable.

La réponse sera examinée avec «minutie»,a indiqué le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir. L’Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn et l’Égypte vont décider mercredi du maintien ou de la levée des sanctions contre Doha lors d’une réunion des chefs de leur diplomatie au Caire.

«Nous espérons une réponse positive pour pouvoir résoudre la crise», a déclaré M. Jubeir, en soulignant que les mesures prises contre le Qatar étaient destinées à le faire changer de politique, une « politique qui lui nuit ainsi qu’aux pays de la région ».

Les quatre pays arabes adversaire­s de Doha ont accepté de prolonger de 48 heures la date butoir fixée à leur rival pour se plier à leurs 13 demandes, affirmant répondre à une requête du Koweït qui tente de mettre fin à la crise sans précédent dans le Golfe.

Leur premier ultimatum se terminait dimanche à minuit.

Avant de remettre sa réponse au Koweït, Doha avait rejeté implicitem­ent la liste des demandes — fermeture de la télévision Al-Jazeera et d’une base militaire turque et réduction des relations avec l’Iran — en la jugeant maximalist­e et attentatoi­re à sa souveraine­té.

Le contenu de la réponse du Qatar aux exigences de ses voisins remise à l’émir du Koweït, le cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, n’a pas été révélé.

Accusation­s

La crise a éclaté le 5 juin quand Riyad et ses alliés ont rompu avec l’émirat gazier l’accusant de soutenir «le terrorisme» et de se rapprocher de l’Iran chiite, rival régional du royaume saoudien, chef de file de l’islam sunnite.

Doha a rejeté ces accusation­s, en refusant de se faire dicter sa politique étrangère.

«La liste des demandes est faite pour être rejetée », a déclaré samedi le chef de la diplomatie qatarie, ajoutant «l’État du Qatar […] la rejette par principe».

Les avocats internatio­naux engagés par le Qatar ont dénoncé, dans un communiqué publié lundi, des actes de l’Arabie saoudite et de ses alliés qui ont «historique­ment abouti à la guerre».

Les demandes de ces pays sont une « violation flagrante » du droit internatio­nal, affirment les avocats Desmond de Silva et Rodney Dixon.

Le président américain, Donald Trump, qui s’en est pris par le passé au Qatar, a répété dimanche «l’importance de stopper le financemen­t du terrorisme », un objectif qu’il juge « primordial », et «de discrédite­r l’idéologie extrémiste».

Pour sa part, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a appelé à un «dialogue sérieux» entre les acteurs de la crise, au début d’une tournée qu’il entame lundi en Arabie saoudite et qui le conduira ensuite aux Émirats et au Qatar.

Le roi Salmane d’Arabie saoudite a de son côté annulé sa participat­ion au sommet du G20 vendredi et samedi à Hambourg, à un moment où Riyad est au coeur de la crise avec le Qatar.

Le petit émirat, riche de ses ressources gazières et aux ambitions sans limites, a toujours fait cavalier seul en politique étrangère, bien qu’appartenan­t au Conseil de coopératio­n du Golfe (CCG).

L’ambassadeu­r des Émirats en Russie, Omar Ghobash, avait prévenu la semaine dernière que de nouvelles sanctions étaient possibles.

Outre une éventuelle suspension du Qatar au CCG, ses adversaire­s pourraient demander à leurs partenaire­s commerciau­x de faire un choix: continuer à traiter avec eux ou avec le Qatar, a indiqué l’ambassadeu­r au quotidien britanniqu­e The Guardian.

Fracture

L’Arabie saoudite, les Émirats et Bahreïn ont déjà interdit leur espace aérien aux avions qataris et demandé aux ressortiss­ants de l’émirat de quitter leur territoire. Riyad a également fermé la seule frontière terrestre du Qatar, forçant ce dernier à se tourner vers l’Iran et la Turquie pour s’approvisio­nner en produits alimentair­es par voie aérienne ou maritime.

Depuis le début de la crise, Doha a fait le dos rond en espérant que les pressions internatio­nales feront fléchir ses voisins.

« Le Qatar s’engagera dans un dialogue constructi­f » avec ses adversaire­s «si leurs allégation­s sont soutenues par des preuves claires », a dit le 28 juin son ministre des Affaires étrangères.

Mais les Émirats ont prévenu que l’isolement du Qatar pourrait durer des « années » si les désaccords persistent.

 ?? STR AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Vue sur la capitale qatarie, Doha. La crise a éclaté le 5 juin quand Riyad et ses alliés ont rompu avec l’émirat voisin, l’accusant de soutenir «le terrorisme» et de se rapprocher de l’Iran chiite.
STR AGENCE FRANCE-PRESSE Vue sur la capitale qatarie, Doha. La crise a éclaté le 5 juin quand Riyad et ses alliés ont rompu avec l’émirat voisin, l’accusant de soutenir «le terrorisme» et de se rapprocher de l’Iran chiite.

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