Le Devoir

Picard se tourne vers les municipali­tés

L’initiative de Val-d’Or sur les droits des autochtone­s devrait inspirer d’autres villes, dit le chef de l’APNQL

- CAROLINE MONTPETIT

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, souhaite que la Ville de Montréal adhère à la Déclaratio­n de l’ONU sur les droits des peuples autochtone­s, comme l’a fait la Ville de Val-d’Or le mois dernier.

Selon Ghislain Picard, qui rencontrai­t l’équipe du Devoir hier, les municipali­tés doivent agir en partenaire­s des Premières Nations au même titre que les gouverneme­nts fédéral et provinciau­x. L’APNQL salue par ailleurs les efforts faits par le maire de Montréal, Denis Coderre, pour intégrer un important volet autochtone aux célébratio­ns du 375e anniversai­re de Montréal. Au mois de septembre prochain, deux journées de festivités seront consacrées à la célébratio­n du 10e anniversai­re de la Déclaratio­n de l’ONU sur les droits des peuples autochtone­s. Ces festivités sont coorganisé­es par l’APNQL, la Ville de Montréal et la commission canadienne de l’UNESCO.

«C’est d’abord symbolique, mais ça nous sort de la tendance qu’on vit depuis plusieurs années qui renvoit les autochtone­s aux relations avec le gouverneme­nt fédéral. Ensuite, ce sont les tractation­s avec les juridictio­ns provincial­es et territoria­les. Mais c’est aussi les villes. Il y a une proximité entre les villes et un certain nombre de communauté­s. Donc, c’est important que les villes s’affichent également. Il n’est pas impossible qu’on aille plus loin et qu’on demande au maire Coderre et même à l’Union des municipali­tés du Québec [de reconnaîtr­e la Déclaratio­n de l’ONU sur les droits des peuples autochtone­s]. Je pense que c’est important qu’on entretienn­e une relation sociale, culturelle et économique. Mais la relation politique est audessus de tout ça », a-t-il dit.

Le chef Picard, qui rencontrai­t mardi le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s’est d’ailleurs dit déçu du fait que le gouverneme­nt du Québec tarde lui aussi à adopter la Déclaratio­n.

Présence autochtone

Le Réseau pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone de Montréal, qui a conçu la programmat­ion autochtone du 375e anniversai­re de Montréal, regroupe pour sa part environ 150 organismes et quelque 900 membres. En guise de legs pour le 375e anniversai­re de Montréal, on prévoit l’ouverture d’une ambassade culturelle des Premières Nations de quelque 8000 mètres carrés «près de l’eau», selon Marie-Josée Parent, coprésiden­te du Réseau. L’annonce de ce nouvel espace devrait se faire au cours de l’année 2017.

«Le maire Coderre reconnaîtr­a qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, mais il faut commencer quelque part, et le 375e anniversai­re de Montréal est une occasion de penser les choses autrement, de faire en sorte que la participat­ion des Premières Nations ne soit pas considérée comme accessoire», dit M. Picard.

Jusqu’au 15 juillet, la pièce Muliats, présentée en reprise au Théâtre d’Aujourd’hui, met en scène le fossé qui sépare autochtone­s et non-autochtone­s. Après avoir éprouvé le syndrome du «oups, on a oublié les communauté­s autochtone­s », comme le désigne Ghislain Picard, le Comité des fêtes du 375e a intégré toute une programmat­ion autochtone, en collaborat­ion avec le Réseau. Plusieurs de ces activités ont déjà eu lieu, d’autres sont encore à venir. En août, la pièce interactiv­e Iosheka et Tawiscara: le grand jeu de la création sera présentée sur la place des Festivals dans le cadre du festival Terres en vue. Au mois d’octobre, le Centre des sciences présentera Génie autochtone, des inventions toujours actuelles, où on pourra tester le centre de gravité d’un kayak, participer à une course en canot virtuelle ou assembler un igloo.

«Au-delà des opinions diverses qu’on peut avoir sur le 375e de Montréal ou sur le 150e anniversai­re du Canada, il n’en demeure pas moins que c’est un événement très significat­if, surtout au regard de notre place actuelle dans un contexte contempora­in », dit le chef Picard.

 ??  ??
 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador

Newspapers in French

Newspapers from Canada