Les cyclistes surveillés de près
Le nombre de contraventions à leur endroit a bondi de 26% en 2016
La surveillance des cyclistes et des piétons se resserre. Le nombre de contraventions distribuées aux cyclistes par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a bondi de 26% l’an dernier.
Ce sont ainsi 2459 infractions en plus qui ont été sanctionnées en 2016 par rapport à 2015. Les piétons ont aussi reçu 9 % plus de constats d’infraction dans la métropole.
Le SPVM a également distribué plus de contraventions aux automobilistes, mais l’augmentation, de 5,8%, n’est pas aussi marquée. «On a travaillé un peu plus envers les cyclistes», expose Marianne Rivest, porte-parole de ce corps de police.
Une surveillance plus soutenue a été exercée après avoir remarqué une hausse de cyclistes morts, blessés gravement ou légèrement entre 2014 et 2015: « On a vu une augmentation dans toutes les catégories. C’est sûr que, face à ça, notre but est de baisser le bilan routier le plus possible», explique Mme Rivest.
Une augmentation qui peut faire partie des mesures pour discipliner les cyclistes, admet Jean-François Pronovost de Vélo Québec. «On ne peut pas être contre les constats [d’infraction], mais on aimerait que le SPVM mette la priorité sur certains compor tements et renvoie la balle aux automobilistes », dit-il.
Son organisme souhaiterait notamment connaître les infractions des automobilistes qui concernent les piétons et les cyclistes, une donnée qui n’est pas systématiquement compilée.
« Si on voit qu’une intersection est plus accidentogène, il y aura un travail de prévention ou de répression effectué Marianne Rivest, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal
Protéger les plus vulnérables
La hausse des morts et des blessés graves, qui justifie une plus grande répression policière selon le SPVM, ne s’est pas observée pour les piétons. Ils ont tout de même reçu 22 304 contraventions en 2016, contre 20 461 en 2015.
Miser sur la répression de leurs comportements, c’est «prendre le problème par le petit bout de la lorgnette», pour Jeanne Robin, co-porte-parole de Piétons Québec. «C’est une tentation assez courante de demander en priorité aux piétons de se protéger du danger représenté par la circulation motorisée», dit-elle.
Les piétons ne peuvent être tenus responsables que de 10 % des collisions avec une voiture au cours des cinq dernières années, quand ils circulaient à l’encontre de la signalisation, selon la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
«Oui, on milite pour la prudence et le respect des règles, mais on ne peut pas considérer que donner des constats d’infraction améliore la sécurité des piétons. Il faut aussi des aménagements plus sécuritaires », insiste Mme Robin. Elle cite l’exemple de personnes âgées qui ne feront pas les détours parfois imposés par la conception du réseau routier pour se rendre jusqu’à une intersection sécuritaire. Son groupe met donc en avant le principe de protection de l’usager le plus vulnérable, c’est-à-dire le piéton.
Vélo Québec appelle aussi à davantage de courtoisie, de la part de tous, mais surtout des automobilistes, qui «dans un véhicule de deux tonnes peuvent tuer quelqu’un en quelques secondes», illustre M. Pronovost.
D’une année à l’autre, les infractions relevées par les policiers demeurent sensiblement les mêmes, ajoute la porte-parole du SPVM.
Parmi les plus fréquentes figurent le non-respect de la signalisation, des arrêts, des feux rouges ou le port d’écouteurs, toutes des situations interdites par le Code de la sécurité routière.
Les cyclistes circulant en sens inverse, ainsi que ceux qui roulaient sur le trottoir, ont en comparaison été plus nombreux à être interpellés par des policiers. Des «opérations de vigilance» sont aujourd’hui déclenchées après des collisions mortelles ou qui ont fait des blessés graves. «Si on voit qu’une intersection est plus accidentogène, il y aura un travail de prévention ou de répression effectué», explique Marianne Rivest.