Un milliard de profit et une mise en garde
Le nombre d’actions émises pourrait être limité au cours de l’exercice financier 2017-2018
Le Fonds de solidarité FTQ est parvenu à dégager des profits annuels records de plus d’un milliard de dollars en 2016-2017, offrant à ses actionnaires le deuxième meilleur rendement enregistré en sept ans. Le dévoilement de ces résultats a été accompagné mercredi d’une mise en garde: le Fonds pourrait limiter l’émission d’actions au cours de la présente année financière.
Pour son exercice financier annuel terminé le 31 mai 2017, le fonds d’investissement en capital de développement a affiché un profit de 1,085 milliard de dollars, franchissant la barre symbolique du milliard de dollars pour la première fois depuis sa fondation en 1983.
La valeur de l’action a atteint 37,88 $, ce qui représente un rendement annuel à l’actionnaire de 9,1%. Il s’agit d’un rendement en forte hausse par rapport à l’exercice financier terminé le 31 mai 2016 (4,4%), mais en baisse par rapport à celui terminé en 2015 (9,8%).
«C’est au-delà de nos attentes», a réagi mercredi le président et chef de la direction du Fonds, Gaétan Morin, en parlant de l’« année de tous les records» : au chapitre des profits, du nombre d’entreprises soutenues (2700) et du nombre d’actionnaires (645 000).
Au 31 mai 2017, le Fonds FTQ détenait un actif net de 13,1 milliards de dollars.
Portefeuilles performants
Le bénéfice excédant le milliard de dollars a été rendu possible par la bonne performance des deux portefeuilles du Fonds. Les investissements de 873 millions de dollars en « capital de développement» auprès d’entreprises québécoises ont permis d’enregistrer un rendement d’environ 10%, alors que les placements ont offert un rendement avoisinant les 11%. Le 9,1% est obtenu en tenant compte des frais de gestion.
Les rendements composés annuels sont de 7,7 % pour 3 ans, de 7,3 % pour 5 ans, et de 4,1 % sur 10 ans.
M. Morin fait remarquer que le rendement du Fonds sur dix ans se compare avantageusement à celui des fonds canadiens équilibrés, qui ne poursuivent pas la même mission de développement économique.
Nombre d’actions limité ?
En marge du dévoilement de ses résultats
financiers, le Fonds FTQ a annoncé qu’il pourrait décider au cours des prochains mois de limiter l’émission d’actions pour «maintenir l’équilibre de son modèle d’affaires».
Son président explique que le Fonds a déjà procédé de la sorte entre 2008 et 2010 et qu’il évalue maintenant la possibilité d’utiliser la même stratégie pour limiter l’entrée de fonds. L’objectif, dit-il, est de permettre au Fonds de conserver un équilibre entre son portefeuille consacré à sa mission de développement économique et celui dédié aux placements. Une décision devrait être prise après le 30 novembre prochain.
« Soyez assuré que le Fonds va déployer au besoin le capital nécessaire » en cas de récession ou de choc économique, a précisé M. Morin.
Le Fonds de solidarité FTQ a par ailleurs décidé de limiter le montant total des souscriptions d’actions à 12 500 $ par actionnaire sur une base annuelle, et ce, à partir du 1er janvier 2018, afin de rendre les actions du Fonds «accessibles au plus grand nombre d’épargnants ».
Optimisme et prudence
Même si les résultats de 2016-2017 le réjouissent et qu’il se dit optimiste pour la prochaine année, Gaétan Morin ne veut pas s’adonner au jeu des prédictions. Il constate à tout le moins que les grands indicateurs de l’économie québécoise, canadienne et mondiale sont encourageants, mais il regarde attentivement le marché financier américain.
«Les actions se vendent à des prix pas mal élevés. Il y a un peu de questionnements à ce niveau-là, dit-il, sans trop se mouiller. À suivre. »
«Est-ce que les perspectives des 15 prochaines années sont les mêmes que pour les 15 dernières ? ajoute-t-il. L’ensemble des institutions financières et l’ensemble des analystes économiques nous disent que le passé n’est pas nécessairement garant de l’avenir. »
Chose certaine, le Fonds n’a pas l’intention de dévier de la trajectoire qu’elle s’est donnée au début de l’année 2016, en dévoilant un plan à l’horizon 2020 misant sur les infrastructures à vocation socio-économique, l’appui aux fleurons québécois, le soutien à l’innovation et une présence accrue dans les secteurs névralgiques de l’aérospatial, de l’agroalimentaire, des produits forestiers et des sciences de la vie.
«On garde le cap, affirme Gaétan Morin. Notre force, c’est qu’on était là hier, on est là aujourd’hui et on va être là demain », scande-t-il, tout en se disant prêt à s’adapter aux changements qui pourraient affecter l’économie dans les prochaines années.