Le Devoir

De nouvelles sanctions demandées contre Pyongyang

« Une escalade militaire claire et nette », dit l’ambassadri­ce Haley

- CAROLE LANDRY aux Nations unies ANNE RENAUT à Washington

Les États-Unis, soutenus par la France, vont proposer à l’ONU de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, après le lancement historique par Pyongyang d’un missile interconti­nental, mais la Russie a déjà prévenu mercredi qu’elle s’y opposait.

L’essai de missile ICBM, qui pourrait atteindre l’Alaska selon les experts, auquel Séoul et Washington ont répliqué en simulant une attaque du régime communiste, constitue une «claire et nette escalade militaire » de la Corée du Nord, a déclaré mercredi Nikki Haley devant le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni d’urgence.

Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, a affirmé mardi que le tir d’un ICBM un 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, était un «cadeau» aux «salauds d’Américains».

«Dans les prochains jours, nous présentero­ns […] une résolution proportion­née à l’escalade de la Corée du Nord», a ajouté Mme Haley à l’ONU.

La Russie, qui dispose d’un droit de veto, a affirmé qu’elle s’opposerait à de nouvelles sanctions autant qu’à une riposte militaire.

«Tout le monde doit admettre que les sanctions ne vont pas résoudre le problème», a déclaré l’ambassadeu­r adjoint de la Russie à l’ONU, Vladimir Safronkov, ajoutant que « toute tentative de justifier une solution militaire est inadmissib­le ».

L’ambassadeu­r chinois à l’ONU, Liu Jieyi, a lui aussi estimé qu’une action militaire n’était «pas une option».

À l’occasion d’une visite du président chinois, Xi Jinping, mardi à Moscou, la Russie et la Chine avaient appelé mardi à un double « moratoire » : Pyongyang arrêterait ses essais nucléaires et balistique­s et Washington renoncerai­t à organiser des manoeuvres militaires conjointes avec son allié sud-coréen.

«Les États-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens», y compris militaires, pour se défendre, a déclaré Mme Haley.

Évoquant «d’autres moyens», elle a expliqué avoir parlé avec le président américain, Donald Trump, de sanctions visant les pays qui continuent à commercer avec la Corée du Nord.

«Nous ne regarderon­s pas exclusivem­ent la Corée du Nord. Nous regarderon­s tous les pays qui choisissen­t de faire des affaires avec ce régime hors-la-loi », a-t-elle déclaré.

M. Trump a lui-même accusé mercredi, sur Twitter, la Chine de saper les efforts des États Unis en renforçant ses échanges commerciau­x avec Pyongyang.

La France a elle aussi plaidé pour «un durcisseme­nt et un renforceme­nt des sanctions» contre le régime communiste, selon son ambassadeu­r à l’ONU, François Delattre.

Le Conseil de sécurité a déjà adopté en 2016 deux régimes de sanctions pour augmenter la pression sur Pyongyang et tarir les devises qui servent au financemen­t de ses programmes militaires, bannis par l’ONU.

Ces résolution­s ont conduit à réduire de manière considérab­le les exportatio­ns de charbon nord-coréen, source majeure de revenus, et à contrôler davantage tous les chargement­s en provenance de ou vers la Corée du Nord.

Au total, l’ONU a imposé six régimes de sanctions à la Corée du Nord depuis son premier essai nucléaire en 2006.

Défi géopolitiq­ue

Le lancement réussi d’un missile interconti­nental est un succès majeur pour le régime de Pyongyang, dont l’objectif avoué est d’être en mesure de menacer le sol continenta­l américain du feu nucléaire.

«Nous avons confiance en notre capacité à nous défendre contre la menace limitée, naissante, qui est présente »,a de son côté déclaré mercredi Jeff Davis, porte-parole du Pentagone.

Reste que, selon de nombreux experts, le Hwasong-14 testé mardi pourrait atteindre l’Alaska.

Cette percée constitue un défi géopolitiq­ue pour la Maison-Blanche et impliquera une réévaluati­on de la menace nord-coréenne.

Moins de 24 heures après cet essai largement condamné par la communauté internatio­nale, Séoul et Washington ont répliqué mercredi par plusieurs tirs de missiles simulant une attaque contre le régime de Pyongyang.

« La retenue, qui est un choix, est ce qui sépare l’armistice de la guerre», a de son côté averti le général américain Vincent Brooks, commandant des forces américaine­s en Corée du Sud.

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 ?? BEBETO MATTHEWS ASSOCIATED PRESS ?? «Les États-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens», y compris militaires, pour se défendre, a déclaré l’ambassadri­ce américaine Nikki Haley devant le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni d’urgence mercredi.
BEBETO MATTHEWS ASSOCIATED PRESS «Les États-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens», y compris militaires, pour se défendre, a déclaré l’ambassadri­ce américaine Nikki Haley devant le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni d’urgence mercredi.

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