Le parlement évacué après un siège de neuf heures par des pro-Maduro
Caracas — Le parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, a été évacué mercredi soir après neuf heures de siège par des manifestants favorables au président Nicolás Maduro, a constaté un reporter de l’AFP sur place.
Les députés, journalistes et employés séquestrés dans l’assemblée, dans le centre de Caracas, après l’irruption dans la matinée d’une centaine de militants favorables au gouvernement chaviste, ont pu sortir en fin d’aprèsmidi après la levée du blocus organisé par les manifestants.
Munis de boucliers, policiers et soldats ont formé un cordon à la sortie du parlement, afin de séparer les personnes libérées des manifestants, dont certains s’étaient repliés dans les rues voisines.
Une centaine de manifestants favorables au président Nicolás Maduro avaient bloqué le parlement pendant plusieurs heures, en organisant un «piquet» devant le bâtiment, après que plusieurs d’entre eux aient fait violemment irruption dans le parlement luimême, blessant sept députés et une dizaine d’employés de l’assemblée au passage.
Quelques minutes avant cette évacuation par les forces de l’ordre, le président du parlement, Julio Borges, avait parlé de 350 personnes « séquestrées » au total, dont une centaine de journalistes et parmi eux un vidéaste de l’AFP, Carlos Reyes.
Cette évacuation a pu avoir lieu après plusieurs tentatives avortées, les manifestants continuant à faire exploser des grenades assourdissantes: «La tension était grande, avec en plus la tombée de la nuit », a témoigné Carlos Reyes.
Les manifestants, favorables au gouvernement de Nicolás Maduro, ont justifié ce blocus en estimant qu’il s’agissait d’une réponse aux blocages de rues signés par l’opposition depuis début avril.
Au total, 91 personnes sont mortes depuis trois mois dans ces manifestations lancées par l’opposition pour tenter d’obtenir des élections.
Washington dénonce un «assaut inacceptable»
Les États-Unis ont dénoncé un «assaut inacceptable» contre le parlement du Vénézuela.
«Cette violence, perpétrée pendant la célébration de l’indépendance du Vénézuela, est un assaut contre les principes démocratiques chéris par les hommes et les femmes qui se sont battus pour l’indépendance du Vénézuela il y a aujourd’hui 206 ans », a écrit la porte-parole du département d’État américain, Heather Nauert, dans un communiqué.
La représentante de la diplomatie américaine a appelé le gouvernement vénézuélien à protéger le parlement, s’assurer que les blessés soient soignés et à «traduire les assaillants en justice», en exhortant toutes les parties à «renoncer à la violence».