L’ex-baron du bitcoin devant la justice mardi
Le procès de l’ex-baron autoproclamé des bitcoins, le Français Mark Karpelès, débutera mardi prochain à Tokyo.
«Il attend son procès avec calme et va plaider non coupable », a déclaré cette semaine son avocat, Kiichi Iino, à l’AFP.
En liberté depuis un an, après avoir passé autant de temps en prison, Mark Karpelès, ex-patron de MtGox, est accusé d’enrichissement personnel par la création artificielle d’un million de dollars, et ce, au détriment des véritables détenteurs de bitcoins dont sa société, implantée au Japon, gérait les actifs. Cette dernière a déposé le bilan début 2014.
Aujourd’hui âgé de 32 ans, il avait déjà été condamné en France en 2010 à un an de prison pour «accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données» de l’entreprise où il travaillait au moment des faits.
Attaque
Dans le cas de MtGox, il a toujours affirmé que la plateforme avait été victime d’une attaque informatique extérieure, mais mi-septembre 2015, il a été mis en examen et emprisonné, après déjà six semaines de garde à vue, pour falsification d’informations et détournement d’une somme de 321 millions de yens (3,6 millions de dollars canadiens).
Selon la police citée par la presse, il a dépensé cette somme pour l’achat de droits de logiciels, mais aussi pour s’offrir un lit de luxe dans son appartement loué 1,4 million de yens (15 800dollars) par mois ou pour se payer les services de prostituées.
Sa libération sous caution, en juillet 2016, «était essentielle pour pouvoir préparer sa défense», selon M. Iino.
Ce Français, qui n’a pas souhaité parler à la presse depuis, est en revanche redevenu actif sur son compte Twitter, où il lui arrive même de poster des avis au sujet des bitcoins.
«Il va peut-être se défendre en japonais, à moins qu’il ne choisisse le français, ce qui ne serait pas un problème, car il y a un interprète au tribunal », a indiqué l’avocat Iino.
«Idéalement, j’aimerais que le procès nous permette de comprendre ce qui s’est réellement passé au sein de MtGox, mais je ne m’attends pas à ce que nous obtenions les informations voulues», a indiqué à l’AFP Kolin Burges, un des possesseurs de bitcoins lésés.
«Je ne suis pas très content que le procès commence, car j’aimerais qu’il y ait davantage de chefs d’accusation», ajoute cet homme qui possédait « 311 bitcoins dans MtGox », la grande majorité de son argent, un pactole «qui aurait valu environ 750 000dollars aujourd’hui». Il espère que, finalement, «tous les créanciers recevront un petit pourcentage de leur argent ».
Depuis cette affaire qui remonte à plus de trois ans, le bitcoin a fait grand débat au Japon et sa réputation a souffert, mais cette époque est désormais presque révolue. Une loi de mai 2015 lui a donné, ainsi qu’à d’autres moyens de paiement de ce type, un statut encadré de «monnaie virtuelle», ce qu’elle n’était pas auparavant.
Les plateformes d’échange, comme BitPoint (du groupe coté nippon Remixpoint) ou bitFlyer, doivent, pour pouvoir officier, recevoir un agrément des autorités.