Le Devoir

Calme au premier jour d’un cessez-le-feu

- LAYAL ABOU RAHAL à Beyrouth

Le calme régnait dimanche dans le sud de la Syrie au premier jour d’un cessez-le-feu amorcé par les États-Unis, la Russie et la Jordanie alors que de nouvelles négociatio­ns sous l’égide de l’ONU doivent tenter de mettre fin à six ans de guerre.

Selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (OSDH), les combats ont cessé dans les trois provinces concernées par cet accord — Deraa, Qouneitra et Soueida — depuis son entrée en vigueur à 12 h (heure locale) dimanche.

Ce cessez-le-feu, annoncé vendredi par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, intervient alors que des délégation­s du régime syrien et de l’opposition sont attendues lundi à Genève pour un nouveau cycle de pourparler­s. «Les combats entre les rebelles et les forces prorégime se sont arrêtés depuis ce matin, à l’exception de quelques obus tirés avant midi par les forces gouverneme­ntales contre des positions rebelles à Deraa», a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon l’Obser vatoire, le cessezle-feu était toujours respecté dimanche en début de soirée.

De violents affronteme­nts avaient opposé ces dernières semaines les forces progouvern­ementales aux groupes rebelles dans ces trois provinces.

Le régime de Damas avait décrété dès lundi une trêve unilatéral­e de quelques jours dans le sud du pays, coïncidant avec la tenue de négociatio­ns avec les rebelles à Astana, la capitale kazakhe.

Les provinces concernées font partie des «zones de désescalad­e» du plan conclu en mai entre la Russie et l’Iran, alliés du régime de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles. Mais les trois pays ne se sont pas encore entendus sur la façon dont elles seront administré­es.

Pays divisé en deux?

Le gouverneme­nt syrien n’a pas officielle­ment réagi à ce nouveau cessez-le-feu et la télévision d’Etat ne l’avait pas évoqué dans son bulletin d’informatio­ns de la mi-journée.

Le journal Al-Watan, proche du régime, a cité le chef de la commission parlementa­ire des relations extérieure­s de la Syrie suggérant que l’accord avait été négocié en consultati­on avec Damas. «Aucun détail sur l’accord n’a été présenté, mais l’État syrien possède des informatio­ns », a déclaré Boutros Marjana au journal. «Le régime syrien aura le dernier mot quant à l’ajout du sud de la Syrie aux zones de désescalad­e. Il y a une coordinati­on avec la Russie à ce sujet», a-t-il assuré.

Vendredi, avant l’annonce de l’accord, une délégation de groupes rebelles présente aux pourparler­s d’Astana a exprimé son opposition à tout cessez-le-feu dans une seule partie du pays.

Dans un communiqué, ces factions se sont dites préoccupée­s par « des réunions et des accords secrets entre la Russie, la Jordanie et les États-Unis sur un accord pour le sud de la Syrie, séparément du nord». Un tel accord «diviserait le pays en deux, ainsi que la délégation et l’opposition ».

Réactions internatio­nales

Les États-Unis, qui ont pris leurs distances avec le dossier syrien depuis l’entrée en fonction du président Donald Trump en janvier, ont salué cet accord. Dimanche, M. Trump a affirmé avoir discuté du conflit syrien avec son homologue russe, Vladimir Poutine. « Nous avons négocié un cessez-le-feu dans certaines parties de la Syrie, qui va sauver des vies», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

«Il est temps d’aller de l’avant et de travailler de manière constructi­ve avec la Russie.»

La Jordanie, frontalièr­e de la zone sud couverte par l’accord, est un soutien stratégiqu­e de la principale faction rebelle modérée.

Israël, qui a récemment mené plusieurs frappes de « représaill­es » contre les positions gouverneme­ntales dans la province de Qouneitra, a accueilli l’accord avec prudence.

Un responsabl­e de l’ONU a estimé samedi que l’accord avait créé une atmosphère positive

avant le septième round des négociatio­ns à Genève. «Cela contribue à créer une atmosphère appropriée pour les pourparler­s » de lundi, a déclaré Ramzi Ezzedine Ramzi, adjoint à l’émissaire de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura.

Ces nouveaux pourparler­s suscitent toutefois peu d’attentes quant à une avancée notable pour résoudre ce conflit aux multiples acteurs qui a fait plus de 320 000 morts depuis mars 2011.

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