Le Devoir

Le Québec est mobilisé et sert de modèle, selon Raymond Chrétien

- CAROLINE PLANTE à Québec

La dispute canado-américaine sur le bois d’oeuvre doit se régler avant que s’amorce la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) à la mi-août, insiste Raymond Chrétien.

Le temps file, et les ÉtatsUnis tardent à s’organiser, a affirmé le représenta­nt du Québec dans ce dossier, lors d’une entrevue accordée à La Presse canadienne, lundi.

«C’est à eux de mettre un peu d’ordre dans leurs affaires», a-til déclaré en disant comprendre que des centaines de postes clés du gouverneme­nt Trump n’avaient pas encore été pourvus.

Il serait difficile de mener deux négociatio­ns délicates simultaném­ent, croit-il. C’est pourquoi il presse les ÉtatsUnis de mettre cartes sur table et de dévoiler leurs intentions quant à la nature des échanges désirés avec le Canada.

L’industrie du bois résineux fait travailler 150 000 Canadiens, dont 62 000 Québécois. Depuis des années, le lobby américain prétend que l’industrie canadienne du bois d’oeuvre est subvention­née. En juin, le gouverneme­nt américain a frappé l’industrie forestière canadienne d’un droit préliminai­re antidumpin­g de 6,87%, qui s’ajoute à un droit compensato­ire de 19,88 %.

C’est un dossier « explosif », de l’aveu même de M. Chrétien, ex-ambassadeu­r canadien aux États-Unis. Celui-ci souhaite vite formaliser les échanges entre les deux pays.

« Il faut régler le bois d’oeuvre avant que les discussion­s sur l’ALENA commencent. […] Maintenant, est-ce que ça va être possible ? Je ne le sais pas. Il ne reste pas beaucoup de temps, on est rendus presque à la mi-juillet, a-t-il déclaré. Les Américains ne sont pas prêts, alors on les attend. »

Les deux négociatio­ns, sur le bois d’oeuvre et l’ALENA, ne peuvent s’entremêler, d’après lui, car le bois d’oeuvre est un dossier «trop gros, trop complexe et trop émotif ». Les interlocut­eurs américains sont compétents, mais ont un mandat protection­niste « qui est dur », a-t-il ajouté.

Le Québec est un «modèle»

Pendant ce temps, M. Chrétien invite les autres provinces à prendre exemple sur

le Québec. Le gouverneme­nt Couillard a mis sur pied une table de concertati­on et invité divers acteurs de la société à y prendre part. Les discussion­s entre eux sont fréquentes.

« C’est vraiment un modèle du genre parce que tous les joueurs du côté du Québec se parlent, que ce soit les petites scieries québécoise­s, les scieries qui s’approvisio­nnent sur les terres privées, tout le monde est invité à participer à cette table de concertati­on », a-t-il dit, en ajoutant que les lignes de communicat­ion avec le gouverneme­nt étaient «bien ouvertes».

«Il y a une espèce de reconnaiss­ance que le Québec est bien avancé là-dedans, notamment dans la façon dont l’aide à l’industrie a été gérée, annoncée. Je pense que c’est un modèle », a renchéri Raymond Chrétien.

Dans un rapport publié en juin, le Conference Board du Canada prévenait que les producteur­s canadiens de bois d’oeuvre seraient durement touchés par une nouvelle guerre commercial­e.

L’industrie déboursera­it 1,7 milliard en droits par année, supprimera­it 2200 emplois et perdrait 700 millions en exportatio­ns vers les États-Unis au cours des deux prochaines années. Au cours de la dispute précédente sur le bois d’oeuvre, de 2000 à 2006, le Canada avait perdu 20 000 emplois en foresterie. Environ 400 scieries avaient également fermé complèteme­nt entre 2004 et 2009.

 ?? JONATHAN HAYWARD LA PRESSE CANADIENNE ?? Il faut régler le bois d’oeuvre avant que les discussion­s sur l’ALENA commencent, estime Raymond Chrétien.
JONATHAN HAYWARD LA PRESSE CANADIENNE Il faut régler le bois d’oeuvre avant que les discussion­s sur l’ALENA commencent, estime Raymond Chrétien.

Newspapers in French

Newspapers from Canada