Le Devoir

L’engouement pour les voitures électrique­s ne signe pas la mort du pétrole

- STUART WILLIAMS FULYA OZERKAN à Istanbul

Le développem­ent des voitures électrique­s devrait s’accélérer dans les prochaines années, mais n’entraînera pas la fin de la demande de pétrole, a assuré mardi le directeur exécutif de l’Agence internatio­nale de l’énergie (AIE).

«Aujourd’hui, beaucoup de gens parlent des voitures électrique­s, et à juste titre, parce que les ventes augmentent. L’an dernier, elles ont connu un record», a indiqué le Turc Fatih Birol, dans un entretien à l’AFP.

De nombreux experts commencent à s’interroger sur ce potentiel et ses conséquenc­es, d’autant que les annonces se sont multipliée­s ces derniers mois.

La France veut, par exemple, mettre fin à la vente de voitures diesel et essence d’ici 2040, tandis que le groupe Volvo Cars projette d’arrêter de développer de nouveaux modèles de véhicules traditionn­els à partir de 2019.

Toutefois, à l’heure actuelle, il n’y a toujours que deux millions de voitures électrique­s en circulatio­n, soit 0,2% de tout le parc automobile mondial.

«Cette part va augmenter, mais cela ne nous entraînera pas dans une ère sans pétrole», a indiqué M. Birol, en marge du Congrès mondial du pétrole qui se tient à Istanbul.

«La demande de pétrole continuera d’être tirée par les camions, l’aviation, les bateaux et, de façon très importante, par l’industrie pétrochimi­que», a insisté le directeur exécutif de l’AIE, qui défend les intérêts des pays consommate­urs de pétrole.

«Il est très difficile aujourd’hui de trouver des substituts au pétrole dans ces secteurs, au moins à court et moyen terme», a-t-il souligné.

L’industrie du pétrole souffre depuis la mi-2014 de la chute des prix de l’or noir et se trouve aussi sous la pression des exigences de baisse des émissions de gaz à effet de serre, dans la foulée de l’Accord de Paris sur le climat.

Alors que l’AIE anticipe une légère reprise de 6 % des investisse­ments dans l’amont pétrolier et gazier (exploratio­n et production), après deux années de baisse drastique, M. Birol estime que la situa- tion sera très différente d’une région à l’autre.

Le rôle américain

«La hausse des investisse­ments viendra des hydrocarbu­res de schiste aux États-Unis et ils changent tout le paysage» de l’énergie, a indiqué M. Birol, alors qu’en parallèle, les investisse­ments resteront globalemen­t stables au Moyen-Orient, en Afrique ou en Russie.

« Même dans un monde contraint par le climat […] nous aurons toujours besoin de pétrole et de gaz», a-t-il insisté, ajoutant que la demande ralentira, mais restera en croissance.

Sur le front du marché pétrolier, le directeur de l’AIE, qui publiera jeudi son rapport mensuel sur le pétrole, estime que, «si la demande est vigoureuse », on peut espérer «un rééquilibr­age des marchés dans la seconde moitié de l’année ».

« S’attendre à des prix autour de 100$ ou plus n’est pas un scénario que nous envisageon­s» ,at-il nuancé.

Actuelleme­nt, les cours du brut restent sous la barre des 50 $, contre plus de 100 $ en 2014, avant le début de la chute des prix.

Même l’accord signé fin 2016 entre l’Organisati­on des pays producteur­s de pétrole (Opep) et d’autres pays producteur­s, dont la Russie, pour réduire leur production n’a pas réussi à faire remonter significat­ivement les prix.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les ventes de voitures électrique­s ont battu des records en 2016.

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