Le Devoir

La relance du lac Bloom un peu plus près de se réaliser

La Caisse et Sprott Resource Lending feront un prêt de 180 millions $US et Québec pourrait injecter plus de 50 millions

- JULIEN ARSENAULT

L’État québécois pourrait injecter jusqu’à 52,7 millions — soit plus du double de son engagement actuel — dans le projet de relance de la mine de fer du lac Bloom, près de Fermont, qui vient de franchir un «pas de géant» vers son redémarrag­e.

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Sprott Resource Lending ont accepté de prêter 180 millions $US — environ 230 millions $CAN — à Minerai de fer Québec, une filiale de Champion Iron Limited, le propriétai­re du site minier.

Pour compléter le montage financier estimé à 327 millions, la société minière compte récolter 45 des 72 millions qui doivent encore être amassés.

Afin de conserver sa participat­ion de 36,8% dans la mine à ciel ouvert du lac Bloom, le fonds Capital Mines Hydrocarbu­res, géré par Investisse­ment Québec (IQ), a envoyé une lettre d’intention pour verser les 27 millions manquants.

«On se dirige vers [ce scénario] mais ce n’est pas encore final, a expliqué jeudi une porteparol­e d’IQ, Chantal Corbeil. C’est un projet qui va bien, qui n’a pas de problème à aller chercher de l’argent. Nous y allons par phase.»

En tête sur la liste des créanciers, Sprott prête 80 millions $US sur cinq ans. La CDPQ, qui se retrouve au deuxième rang, a consenti un prêt subordonné de 100 millions $US sur sept ans à un taux établi, sauf pour la première année, en fonction des prix du fer.

«C’est ce dont nous avions besoin pour penser au redémarrag­e du projet», a expliqué le vice-président à l’ingénierie de la société minière Champion, David Cataford, au cours d’un entretien téléphoniq­ue.

Rendements à prévoir

Le bas de laine des Québécois, qui reçoit également 21 millions de bons de souscripti­on, a expliqué que cette transactio­n s’inscrivait dans sa stratégie visant à épauler les compagnies minières de la province, comme Redevances aurifères Osisko.

Pour la Caisse, il s’agit d’un investisse­ment « défensif » qui lui permettra également de générer des rendements intéressan­ts, a estimé son vice-président aux grandes entreprise­s, Justin Méthot.

«Ce n’est pas un projet où l’endettemen­t est important, a-til dit. Les investisse­ments pour les équipement­s ont été effectués il y a plusieurs années. On parle de la relance d’un projet. Le niveau de risque est sensibleme­nt différent.»

Chômage

La mine du lac Bloom a cessé ses activités en 2014 lorsque Cliffs Natural Resources avait mis la clé sous la porte pour ensuite quitter la région de la Côte-Nord en raison de la déprime des prix du fer. D’un seul coup, plus de 500 personnes s’étaient retrouvées au chômage.

Dans le cadre d’une liquidatio­n supervisée par les tribunaux, Champion, qui ambitionne de redémarrer dès le premier trimestre de 2018, avait payé 10,5 millions pour racheter les installati­ons.

«Nous sommes environ une soixantain­e d’employés sur le site, a dit M. Cataford. Nous allons en embaucher une trentaine d’ici la fin du mois pour graduellem­ent se rendre jusqu’à 450 travailleu­rs. »

L’argent amassé servira à remettre à niveau les installati­ons, notamment le parc à résidus ainsi que le circuit de récupérati­on de la mine.

En mai, Minerai de fer Québec avait bouclé un financemen­t de 40 millions, dont la moitié provenait de la société nippone Sojitz, qui s’engageait à acheter quelque 40 pour cent de la production future.

Dans le cadre de son étude de faisabilit­é, Champion croit que la production annuelle de concentré de fer pourrait atteindre 7,5 millions de tonnes dès 2018 au lac Bloom. La société estime à 44,62$ la tonne le coût de production moyen du site. Sur les marchés, le prix de la tonne de fer se négocie actuelleme­nt aux alentours de 64$US.

Le concentré de minerai de fer extrait à la mine du lac Bloom doit être transporté par wagons jusqu’au port de Sept-Îles.

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SOURCE CLIFFS NATURAL RESOURCES INC. La mine du lac Bloom a cessé ses activités en 2014. Alors, plus de 500 personnes s’étaient retrouvées sans emploi.

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