Le Devoir

Les inégalités sociales seraient aggravées par les changement­s climatique­s

- ISABELLE BURGUN

Voilà peut-être un argument susceptibl­e de faire passer à l’action bon nombre d’Américains : si rien n’est fait pour les combattre, les changement­s climatique­s appauvrira­ient les États-Unis et risqueraie­nt d’aggraver les inégalités, avance une récente étude.

Basés sur 116 projection­s climatique­s, les résultats de cette étude démontrent que le tiers des États les plus pauvres feront face à des dommages économique­s liés au climat pouvant atteindre jusqu’à 20% de leurs revenus.

Les chercheurs derrière cette étude ont tenté d’estimer les dommages économique­s que pourraient encourir les États-Unis, en se basant sur des données recueillie­s entre 1981 et 2010 au sein de différents secteurs (agricultur­e, énergie, santé, emploi, etc.). Des données sur les crimes dans les divers États et sur les tempêtes côtières faisaient aussi partie du lot.

D’après ces projection­s, on apprend par exemple que la chaleur pourrait augmenter les agressions criminelle­s et affecter la viabilité des champs de maïs, mais aussi réduire le nombre de décès chez les itinérants durant l’hiver. Estimer les dommages liés aux changement­s climatique­s serait essentiel pour mettre en place des politiques d’adaptation, soulignent les auteurs.

Pertes considérab­les

Chaque demi-degré supplément­aire de la températur­e globale (0,55 °C) causerait ainsi, pour l’économie américaine, une perte de 0,7% du PIB national.

De plus, ce risque se distribuer­ait irrégulièr­ement au sein de la nation, accentuant les inégalités économique­s entre les États.

D’ici la fin du XXIe siècle, les États les plus pauvres expériment­eraient donc, selon ces mêmes projection­s, entre 2 et 20% plus de dommages économique­s si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas.

La région du golfe du Mexique risquerait de subir des pertes particuliè­rement considérab­les en raison de la vulnérabil­ité de cette région aux événements climatique­s extrêmes — vagues de chaleur meurtrière­s, puissants ouragans et montée du niveau des océans —, tout comme les communauté­s côtières de l’Atlantique.

Production­s agricoles

La hausse des températur­es entraînera­it un déclin des production­s agricoles combiné à une augmentati­on de la demande énergétiqu­e, principale­ment dans le domaine de la climatisat­ion, au sein des États du sud et du centreoues­t. Alors que les États du nord et du nord-ouest pourraient connaître la situation inverse, avec des hivers plus courts et chauds propices aux récoltes et moins énergivore­s en matière de chauffage.

«Si nous continuons sur cette voie, nos analyses indiquent que nous assisteron­s au plus important transfert économique des États les plus pauvres vers les plus riches», a même avancé Solomon Hsiang, professeur de politique publique à l’Université de Berkeley, de l’État de Californie.

Comme le montrent les projection­s produites par les chercheurs, construite­s à partir de 29 000 simulation­s, les changement­s climatique­s affecterai­ent négativeme­nt plus d’une quinzaine d’États américains d’ici la fin du siècle, ce qui risque de redessiner en grande partie la carte de l’économie américaine.

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