Le Devoir

Brenda Milner, la dame de… 99 ans

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Chère Dame, Vous êtes née à Cambridge (Angleterre) le 15 juillet 1918; c’est donc dire que, dans les faits, vous amorcez en ce moment même le tout premier jour de votre 100e année. Et je sais que vous vous rendez encore à votre bureau de l’Institut neurologiq­ue de Montréal 3 jours par semaine ! «Je n’ai aucune raison d’arrêter de faire ce que j’aime toujours autant qu’avant — la recherche. Pourquoi le ferais-je?» disiez-vous en substance en mai dernier au journalist­e du New York Times venu à Montréal pour vous interviewe­r («Brenda Milner, Eminent Brain Scientist, Is Still Nosy at 98 », 15 mai 2017).

Fuyant les ravages de la Deuxième Guerre mondiale, vous êtes arrivée à Montréal en 1944. Vous avez connu Wilder Graves Penfield (1891-1976); vous avez travaillé à ses côtés; c’est même lui qui vous a convaincue de lui venir en aide lors des chirurgies de certains patients atteints du « grand mal », desquels on était littéralem­ent obligé de sectionner les foyers cérébraux épileptogè­nes, causant, au début, des torts irréparabl­es au langage et à la mémoire. Cela vous a amenée à développer une discipline «protectric­e» (si on peut dire), la neuropsych­ologie, dont vous êtes devenue l’une des pionnières mondiales. On vous doit notamment ces recherches qui nous permettent aujourd’hui de dire, substrats neurologiq­ues à l’appui, que nous sommes dotés non pas d’un, mais de plusieurs types de mémoire.

Permettez-moi, en terminant, cette métaphore : votre vie, tel un repère céleste et mémoriel, est à l’exacte mesure de l’histoire de la recherche biomédical­e au Québec.

Au nom de tous les Montréalai­s, également en fête cette année, ainsi que de tous les Québécois, souriants et reconnaiss­ants, qui se joignent à moi pour vous saluer, je vous offre, Madame, ma plus chaleureus­e accolade. Luc Dupont, journalist­e médical et scientifiq­ue Montréal, le 14 juillet 2017

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