Le Devoir

Le plan de rétention des cadres suscite l’indignatio­n

L’entreprise a prévu des primes de 7,6 millions pour 43 employés du siège social

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le plan de Sears Canada prévoyant des primes de rétention de 7,6 millions pour 43 employés du siège social a soulevé l’indignatio­n vendredi, l’entreprise se faisant reprocher de favoriser sa direction alors que des milliers de travailleu­rs licenciés n’ont pas touché d’indemnité.

Sears Canada, qui a obtenu la protection de la Cour supérieure de l’Ontario contre ses créanciers, affirme que cette somme vise à retenir les employés «clés» de l’entreprise alors que celleci tente de faire le ménage dans ses finances et de retrouver le chemin de la rentabilit­é.

«L’objectif de ce type de plan, commun dans les procédures en vertu de la Loi sur les arrangemen­ts avec les créanciers des compagnies, consiste à soutenir les meilleurs dénouement­s possible pour l’entreprise et les diverses parties prenantes », a indiqué un porte-parole de Sears, Joel Shaffer, dans un courriel transmis au Devoir. «L’absence d’un tel plan pourrait contribuer à de pires dénouement­s. »

La répartitio­n de la somme de 7,6 millions n’est pas précisée dans les documents déposés en Cour supérieure, mais elle équivaut à une moyenne de 177 000 $ par personne. Le document en question a été soumis au juge le 22 juin, mais la somme a été éventée vendredi matin par le réseau CBC, au lendemain d’une décision favorable du juge concernant le processus de vente de l’entreprise et le plan de rétention.

Nombre élevé

Selon un expert du domaine consulté par Le Devoir, ce type de plan n’est pas automatiqu­e dans les dossiers comme celui de Sears. « Il y a beaucoup de cas où il n’y en a pas du tout », a indiqué cette source. « Ce qui n’est pas si fréquent, contrairem­ent à ce que les gens de Sears ont dit, c’est le nombre de personnes qui en bénéficien­t. Quarante-trois personnes, ça n’a aucun sens. »

Le plan de rétention prévoit aussi 1,6 million pour 116 employés qui seront affectés à la fermeture de magasins, ce qui porte le total à 9,2 millions.

La réaction sur les réseaux sociaux a été instantané­e, plusieurs ayant pris d’assaut la page Facebook de Sears Canada pour affirmer que l’entreprise devrait avoir honte du plan de rétention de 7,6 millions. Les partis d’opposition ont également exprimé leur mécontente­ment.

« Il est scandaleux que des cadres se donnent des primes de 7 millions alors que des travailleu­rs perdent leur emploi », a indiqué le chef du Parti conservate­ur de l’Ontario, Patrick Brown, par l’entremise du compte Twitter du parti. «Folie totale», a écrit sur le même réseau social Guy Caron, député fédéral de Rimouski-Neigette–Témiscouat­a–Les Basques et candidat à la direction du NPD. « Il est temps de changer la loi pour protéger les travailleu­rs en premier.»

Le détaillant compte fermer 59 magasins au

Canada et licencier 2900 personnes afin de tourner la page sur ses difficulté­s financière­s. Jeudi, un juge de la Cour supérieure de l’Ontario, Glenn Hainey, a donné à Sears Canada la permission de solliciter des offres d’achat. La compagnie a jusqu’au 25 octobre pour choisir une offre, voire plusieurs.

L’entreprise a également accepté de poursuivre le paiement de certains avantages concernant les soins de santé et d’effectuer des paiements spéciaux au régime de retraite pendant encore deux mois.

Le principal actionnair­e de Sears Canada est ESL Partners, qui détient 45,1% des actions. ESL appartient à Edward Lampert, un investisse­ur milliardai­re qui se trouve à être le chef de la direction de la société mère américaine, Sears Holdings.

Un autre grand actionnair­e est le groupe américain Fairholme Capital Management, qui détient 22 %.

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