Vinyle Chope, un bar qui se fait aussi disquaire
En Europe et aux ÉtatsUnis, il n’est pas rare de trouver des commerces qui sont à la fois des bars et des disquaires. Le concept vient d’être repris à Montréal, sur l’avenue du Mont-Royal, alors que le pub West Shefford vient de fusionner avec le spécialiste en 33-tours Planète Claire pour lancer Vinyle Chope.
L’initiative de ce mariage de raison vient de Martin Desgroseilliers, qui cherchait un nouveau local pour son magasin de vinyles, jadis rue Saint-Denis.
La métropole héberge déjà des bars qui ne font jouer que des disques en format vinyle, comme Le Record, ou des disquaires qui font office de café, comme le 180g. Mais Desgroseilliers n’a pas trouvé d’équivalent au Vinyle Chope au pays.
«C’est quelque chose que j’ai vu en Europe, dit Desgroseilliers. Mon ami musicien Vincent Peake [Groovy Aardvark, Floating Widget, Grimskunk] fait beaucoup de tournées et il a vu ça souvent en Allemagne, c’est très populaire. Au Canada, on est les seuls à le faire, même que je me demande pourquoi personne ne l’a fait avant.»
Le disquaire a installé ses bacs et ses tablettes au fond du bar, qui a évidemment adapté ses heures d’ouverture et son offre de liquides pour les mélomanes. Le Vinyle Chope ouvre donc dès 10 h le matin, et sert des cafés, des jus et des en-cas. Les horaires bougeront probablement avec le test de la réalité, mais il devrait être possible d’acheter des disques jusqu’à 22 h.
«C’est un beau clash, résume Desgroseilliers, qui a lui-même été DJ et propriétaire de bars. Les deux mondes se rejoignent bien, il y a toujours de la musique dans les bars. »
Il y aura sur place du personnel pour conseiller les clients venus acheter des vinyles, même que les employés du bar y mettront sûrement du leur. Desgroseilliers a environ 5000 vinyles en stock, dont près du tiers en usagé.
Le Vinyle Chope veut aussi élargir son offre musicale en offrant des performances en magasin ou en hébergeant des lancements d’albums. «On a une petite scène à l’arrière, où sont nos bacs, sinon on va avoir aussi de l’équipement sonore pour de plus gros événements qu’on peut faire en avant du magasin.»
Faire sa marque sur Mont-Royal
Pour le pub West Shefford — issu de la brasserie du même nom —, la mutation en Vinyle Chope est une façon de se démarquer des autres débits de boisson de l’avenue du Mont-Royal, où tenir commerce est plus difficile qu’à une autre époque.
« L’âge d’or du Plateau est derrière nous, reconnaît Maxime Rousseau, gérant du bar. Les 15 dernières années, quand ici c’était l’Edgar hypertaverne, les gens venaient des deux rives. Ça, c’est terminé, c’est beaucoup plus un commerce de proximité.»
Rousseau et Desgroseilliers voient donc du bon dans la stratégie de se trouver une niche. «Tout le monde a de la bonne bière et fait jouer de la bonne musique, lance ce dernier. C’est pour ça que c’est une bonne idée de mélanger les deux commerces. »
Le vinyle en vogue
Côté rentabilité, le disquaire Desgroseilliers ne s’inquiète pas trop. Sa boutique Planète Claire allait déjà bien malgré sa jeune vie.
«Il faut s’entendre, on fait ça par passion, mais c’est tout de même une belle période», encore plus en Europe, et particulièrement en Angleterre.
«Aux États-Unis et au Canada, ça suit [la tendance], dit Desgroseilliers. Même Sony a décidé de construire une usine pour presser ses propres vinyles parce que les délais étaient trop longs. Pour que Sony, un des premiers à abandonner, se mette là-dessus, c’est qu’ils croient au retour du vinyle. »