Le Devoir

Cogeco : plus de temps pour redresser son secteur des solutions informatiq­ues

- JULIEN ARSENAULT

Cogeco Communicat­ions entrevoit toujours de la croissance dans le secteur des solutions informatiq­ues — qui comprend l’hébergemen­t de données —, mais le câblodistr­ibuteur mettra plus de temps que prévu à redresser la situation.

«Je pense que notre cible de 6 à 12 mois était trop ambitieuse, a affirmé vendredi son président et chef de la direction, Louis Audet, en entrevue téléphoniq­ue pour discuter des résultats du troisième trimestre. Cela se fera plutôt sur trois ans, donc vers l’automne 2019.»

L’incursion de Cogeco (TSX: CGO) dans ce secteur ne s’est pas faite sans heurts pour l’entreprise, qui, confrontée à des géants comme Amazon, Microsoft et Google, est forcée de se reposition­ner.

En raison de la pression des géants du secteur, le câblodistr­ibuteur avait décidé l’an dernier de comptabili­ser une perte de valeur de 450 millions de dollars de sa division des services de technologi­es d’informatio­n et de communicat­ion (TIC).

Bien qu’elle ait ralenti, la décroissan­ce s’est poursuivie au troisième trimestre dans ce secteur, qui a généré des revenus de 71,8 millions, en baisse de 0,7%. Son bénéfice d’exploitati­on ajusté a fléchi de cinq%, s’établissan­t à 21,8 millions. À la même période il y a un an, le recul des revenus avait été de 3%. Le bénéfice d’exploitati­on ajusté avait plongé de 9 %.

La société québécoise mise davantage sur les entreprise­s ayant besoin d’un large trousseau de services en matière d’hébergemen­t de données, de transport de données ainsi que de sécurité.

«On se dirige vers des clients dont la facture mensuelle oscille entre 5000$ et 10 000$, a dit M. Audet. Je crois que nous sommes sur la bonne voie. La décroissan­ce ralentit. Elle sera bientôt nulle et nous allons renouer avec la croissance. »

Certains analystes ont estimé que le secteur des solutions informatiq­ues affichait une améliorati­on graduelle.

Dans une note, Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux, a entre autres souligné que les revenus de 72 millions générés par cette division avaient dépassé sa cible de 71 millions.

Pour le moment, Cogeco, qui exploite 16 centres d’hébergemen­t de données au Canada aux États-Unis ainsi qu’au Royaume-Uni, n’a pas l’intention de procéder à d’autres ouvertures.

Au Québec, en plus d’Amazon, Microsoft et Cogeco, Vidéotron est également dans la gestion de centres de données depuis 2015 à la suite de l’acquisitio­n de l’entreprise 4Degrés à Québec.

Cogeco avait effectué une percée dans les solutions informatiq­ues en 2012 grâce à l’acquisitio­n de Peer 1 Networks pour 526 millions de dollars. L’entreprise a également inauguré, l’an dernier, son centre de données dans la banlieue montréalai­se de Kirkland, construit au coût de 100 millions.

Pas comparable au Portugal

Pour M. Audet, la situation actuelle n’est en rien comparable avec la percée tentée par Cogeco au Portugal en 2006, au coût de 650 millions. L’aventure s’était terminée six ans plus tard quand la société s’était délestée de Cabovisao pour seulement quelque 60 millions.

«Au Portugal, c’est le changement du cadre réglementa­ire qui a tout bousculé, a-t-il dit. Avec les TIC, on parle de services en forte croissance dans le monde et nous tentons de redéfinir notre mission et de mieux nous organiser.»

En ce qui a trait à la période de trois mois terminée le 31 mai, Cogeco — société mère de Cogeco Communicat­ions (TSX: CCA) — a engrangé un bénéfice net de 82,1 millions, ou 1,81$ par action.

Au troisième trimestre en 2016, l’entreprise avait affiché une perte de 381,8 millions en raison de la perte de valeur comptabili­sée pour son secteur des technologi­es de l’informatio­n. Les revenus ont augmenté de 4,5%, pour s’établir à 599,7 millions, stimulés par la croissance du secteur des communicat­ions.

Lundi, Cogeco Communicat­ions avait réalisé la plus importante acquisitio­n depuis sa fondation, il y a 60 ans, en complétant l’achat de MetroCast pour 1,4 milliard $ US dans le but de poursuivre sa croissance aux États-Unis.

Cette transactio­n a permis à la société de faire son entrée dans trois États, soit le New Hampshire, le Maine et la Virginie. Au total, sa filiale Atlantic Broadband sera présente dans 11 États dans l’est des États-Unis.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE «Je pense que notre cible de 6 à 12 mois était trop ambitieuse, a affirmé le président et chef de la direction de Cogeco, Louis Audet.

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