Les agapes du général de Gaulle au Château Frontenac en 1967
Qu’y avait-il dans l’assiette du président de la Ve République il y a 50 ans ?
Revenons 50 ans en arrière. Le 23 juillet 1967, le président de la Ve République, Charles de Gaulle, met pied à terre au port de Québec après une traversée de huit jours à bord du Colbert. Au son des fanfares, encensé par la foule, le général est accueilli comme une véritable star. Le motif officiel de cette troisième visite présidentielle en sol canadien ? Expo 67 à Montréal et le centenaire la Confédération.
L’horaire est chargé: allocutions, visites (dont celle de la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré), puis, en soirée, un grand dîner au Château Frontenac. La délégation reprendra la route dès le lendemain vers Montréal, un trajet de 270kilomètres en voiture sur le chemin du Roy, ponctué d’arrêts et de discours. Tout un programme pour un homme de 76 ans. Il importe donc de renouveler ses forces en faisant honneur à la cuisine du Château…
Renommée internationale
Le général connaît déjà la table de cet hôtel réputé qui accueille tous les visiteurs de marque, dignitaires et artistes de passage à Québec.
Ainsi, lors du repas offert en son honneur en avril 1960, lui et sa suite s’étaient régalés notamment d’une entrée de fruits de mer à la gaspésienne, de bouchées feuilletées aux chanterelles, de faisan des Trappistes, de riz sauvage et de soufflé glacé à l’érable. On ne rapporte aucun décès par inanition !
Les vins faisaient aussi au rapprochement diplomatique : les comptes de l’hôtel révèlent que les 250 convives ont bu 88 bouteilles de blanc Meursault, 67 bouteilles de Vosne-Romanée, 58 bouteilles de Mumm’s Cordon Rouge, 11 bouteilles de Dom Pérignon 1947 et moult fioles de cognac.
La barre est haute: qu’en est-il au retour du général, sept ans plus tard, alors qu’il est reçu en grande pompe au Château Frontenac par le gouvernement du Québec ?
L’assiette du général
Pour ce repas protocolaire de 1967, on a imaginé un menu de huit services unissant terroir québécois et grands crus français. Les agapes débutent avec un consommé en tasse Frontenac et une queue de homard de Gaspé servie avec un riesling Cuvée des Écaillés. Les 400 convives passent ensuite aux choses sérieuses avec la caille au nid à la vigneronne arrosée d’un Château Margaux, suivie du coeur de filet de boeuf Champlain avec sa garniture gastronome et sa salade verte, accompagné d’un verre de Clos de Vougeot.
Le parfait glacé Fleur de lys et son verre de champagne Ernest Irroy, les mignardises «de la cabane à l’érable du Québec », la corbeille de fruits et le café mettent un terme à ce plantureux repas. Faut-il voir dans cette avalanche de douceurs une ironique riposte à Voltaire qui, jadis, avait conseillé à Louis XV d’abandonner nos «arpents de neige» au profit des «îles à sucre» ? Chose certaine, cette visite estivale du général de Gaulle est passée à l’histoire, pour les raisons que l’on sait.
Un menu historique
Cinquante ans plus tard, une série de commémorations est organisée de Québec à Montréal, dont un banquet remémorant de très près celui servi au général le 23 juillet 1967… opportunément allégé pour s’ajuster aux réalités actuelles!
Les convives qui seront présents au Château Frontenac le 23 juillet prochain auront donc droit à un fort joli menu constitué d’un consommé en tasse Frontenac au vin de Xérès et raviole de courge, d’une demiqueue de homard de Gaspé «à la Nouvelle-France» et ses pointes d’asperges vertes, marinades de champignons et pousses croquantes, puis d’un coeur de filet de boeuf Champlain avec garniture gastronome, bouquetière de jeunes primeurs glacée au beurre. On conclura la « négociation » par un parfait glacé Fleur de lys au Sortilège et à l’érable.
Des archives et des extraits d’allocutions du général seront présentés à cette occasion. Que voilà une appétissante manière de rappeler le passé!
Une commémoration historique
et gourmande, Château Frontenac, le 23 juillet dès 17 h. Réservation obligatoire: mnq.que bec/banquet-degaulle